Le colonel Mohammed Samraoui, l'homme qui a révélé les horreurs commises par l'armée algérienne durant les années 1990, a été arrêté en Espagne sur demande des autorités algériennes. Le colonel algérien, Mohammed Samraoui, a été arrêté en Espagne, lundi dernier, alors qu'il participait à un tournoi d'échecs, son jeu favori. L'information, qui a été révélée par la presse espagnole, a bouleversé les milieux de défense des droits de l'Homme à travers l'Europe vu qu'il s'agit d'un réfugié politique. Pour la police espagnole, l'arrestation a eu lieu en exécution d'un mandat d'arrêt international lancé contre lui par les autorités algériennes qui l'accusent de haute trahison, de dénigrement et de terrorisme. Des crimes que le pouvoir militaire algérien a attribués à l'ex-officier de la DRS afin d'exiger son extradition. Mais, les mouvements européens de défense des droits de l'Homme et algériens actifs en Europe se sont d'ores et déjà mobilisés pour tenter de freiner la procédure d'extradition vers l'Algérie. Une affaire que devra trancher le juge Ismaël Moreno de l'Audience nationale dans les prochains jours. L'ancien numéro 2 des services de la sécurité militaire algérienne (DRS) avait trouvé refuge en Allemagne depuis 1996 lorsqu'il avait décidé de rompre tous ses liens avec les services de son pays. Selon ses propres révélations, sa décision avait été prise lorsque son chef le général Smaïn Lamari, lui avait demandé d'organiser l'assassinat de certains islamistes algériens vivant en Allemagne. Ne pouvant accéder à la demande de son chef, il opta pour l'exil et un statut de réfugié politique en Allemagne. Quelques années plus tard, en 2003, il allait révéler les abus, les violations des droits de l'Homme et même des actes qualifiés de crimes de guerre commis par les services de sécurité militaire algériens dans un livre, édité à Paris. « Chronique des années de sang » et raconte avec beaucoup d'amertume et d'indignation les crimes qui ont été commis par la DRS pendant les années 1990 lors de la guerre civile qui a déchiré le pays. Le colonel Samraoui, alors sous-directeur de ce corps de sécurité, était au fait de tout ce qui se faisait dans l'ombre par certains généraux au nom de la guerre contre les groupuscules islamiques armés (GIA). Assassinats ciblés, massacres dans des camps de concentration, exécutions sans jugements… Des horreurs narrées à travers un livre qui suscita la colère du pouvoir militaire algérien qui affichera certainement une grande satisfaction après l'arrestation et la détention dans la prison de Madrid de M. Samraoui. Rappelons que Mohammed Samraoui, 54 ans, a intégré l'Armée nationale populaire algérienne en 1974. En 1990, il est devenu le numéro 2 de la direction du contre-espionnage algérien. En septembre 1992, il a été nommé responsable de l'antenne de la sécurité militaire à l'ambassade d'Algérie à Berlin.