Ryad Al Ouchak (jardin des amoureux), qui vient d'être réhabilité et réaménagé, est devenu le lieu préféré des habitants de Tétouan. C'est un monument arabo-andalous ancré dans la mémoire de la ville. Ryad Al Ouchak. Peu de temps avant la prière d'Al Asr de ce mois sacré de Ramadan. Plus d'une trentaine de personnes s'assoient sur les bancs situés autour de la grande fontaine centrale du jardin Moulay Rachid, appelé communément Ryad Al Ouchak ou El jardín de los enamorados (Jardin des amoureux). Elles savourent la tranquillité des lieux au rythme des jets d'eau de cette belle fontaine. D'autres s'assoient à l'ombre des arbres. Le spectacle est tellement fascinant qu'il leur fait oublier leurs problèmes rencontrés au cours de la journée. La plupart d'entre eux avaient l'habitude de venir y passer de beaux moments pendant la période festivale. Comme c'est le cas de ces trois sœurs, femmes au foyer, qui ont pris l'habitude de se rencontrer dans ce prestigieux jardin. «C'est un lieu de prédilection pour mes deux sœurs et moi. Nous avons l'habitude d'y venir avec nos enfants. Le jardin jouit d'une beauté exceptionnelle qui nous fait oublier la fatigue et la routine de nos journées passées à faire des travaux domestiques...», assure Amal, l'une des trois sœurs. S'étendant sur une superficie de 2 ha, Ryad Al Ouchak se distingue par son architecture arabo- andalouse. «Ryad Al Ouchak a connu, il y a un an, des travaux de réhabilitation et de réaménagement. Ces travaux s'inscrivent dans le cadre du programme de la mise à niveau de la ville et qui ont nécessité un budget de l'ordre de six millions DH. Ryad Al Ouchak a été le premier jardin de la ville à bénéficier de ces travaux de réhabilitation et de réaménagement. Puisqu'il est considéré comme un monument historique qui a marqué l'histoire de la ville», souligne Rachid El Amrani, chef de service des espaces verts de la commune urbaine de Tétouan, faisant remarquer que «les autorités ont tenu à garder l'ancien aspect arabo- andalous qui renforce la beauté de ces lieux». Créé en 1929, Ryad Al Ouchak a connu plusieurs travaux de réhabilitation avant de se retrouver, plusieurs années durant, dans un état de dégradation avancée. Il est même devenu, à un moment donné, un abri pour les clochards et les délinquants, jusqu'au lancement du projet de réhabilitation des espaces verts, qui entre dans le cadre du programme de la mise à niveau de la ville. Ce projet a permis à Ryad Al Ouchak de retrouver sa splendeur d'antan, à l'époque où la ville était sous le protectorat espagnol. Le jardin a été dégagé de ses anciens murs et offre ainsi aux riverains et passants un beau paysage naturel avec ses arbres et ses fleurs multicolores. En plus d'un éclairage moderne, ces lieux sont ornés de lanternes traditionnelles spécifiques à l'artisanat local. Les allées sont revêties par des pierres plates, autre caractéristique de la ville. C'est le cas aussi de ses murailles qui ont repris le motif du couronnement avec des briques qu'on retrouve dans l'architecture traditionnelle de la ville. Le jardin garde ses anciennes fontaines auxquelles se sont ajoutées d'autres nouvellement créées. Les visiteurs seront émerveillés par plusieurs fontaines notamment la fontaine centrale, la fontaine à jet parabolique, la fontaine entourée de bigaradiers, la fontaine miroir et la fontaine hémicycle. Et pour garder son ancien aspect arabo-andalous, ce jardin a connu de grands travaux de rénovation de ses anciens arbres, fleurs et autres plantes, qui ont fait autrefois le prestige de ces lieux. Il faut rappeler que Ryad Al Ouchak a inspiré un grand nombre de poètes tétouanais qui lui ont dédié plusieurs de leurs poèmes. Il fut par ailleurs un lieu de rendez-vous entre les jeunes couples. Pour les Tétouanais, Ryad Al Ouchak est considéré comme faisant partie du patrimoine de la ville. Pour Abdeslam Chaachoo, ancien journaliste à Radio Tétouan et connaisseur de l'histoire de la ville, Ryad Al Ouchak se trouvait à l'époque dans un lieu stratégique, qui limitait la ville. «Ce lieu a été inauguré pour la première fois sous le nom du Jardin du consul Cajigas. Ses initiateurs espagnols voulaient faire de ce charmant endroit un autre palais de l'Alhambra de Grenade (Espagne). Et grâce à son aspect romantique, ce jardin ne désemplissait pas de jeunes couples qui voulaient vivre quelques moments ensembles loin des regards curieux. C'est ainsi que les habitants de la ville ont commencé à l'appeler Ryad Al Ouchak», précise- t- il, avant de poursuivre que le jardin est entouré par plusieurs monuments historiques qui remontent au 15ème siècle. Le jardin se situe également en face de l'une des plus anciennes gares ferroviaires du Maroc et qui abrite actuellement le Musée de l'art contemporain. M. Chaachoo ajoute également que «quelque temps après sa création, les initiateurs espagnols de ce grand projet avaient mis en place un zoo. Des animaux avaient été apportés d'autres villes du Maroc et même d'autres pays - tels des singes, oies, différents oiseaux et poissons... - pour augmenter le prestige de ces lieux».