Plus d'une semaine après des négociations difficiles avec les partis de la majorité sortante, le Premier ministre nommé Abbas El Fassi consacrera ce week-end à la répartition des postes ministériels entre les partis postulants. Bruits de couloirs sur la mosaïque gouvernementale de demain. Les négociations du Premier ministre nommé avec les partis de la majorité sortante arrivent à leur phase cruciale. Le chef du prochain gouvernement, le PI Abbas El Fassi, passera en fin de semaine au partage des postes ministériels entre les partis de l'ancienne coalition gouvernementale, a affirmé à ALM une source bien informée au parti de l'Istiqlal. Cette phase déterminante intervient huit jours après un marathon de négociations difficiles menées par le Premier ministre nommé avec les cinq partis de la majorité sortante. Il s'agit de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), du Mouvement populaire (MP), du Rassemblement national des indépendants (RNI), du Parti du progrès et du socialisme (PPS), et du parti du nouveau Premier ministre, l'Istiqlal. La température post-électorale, paraît-il, semble avoir surexcité les partis concernés, tant leurs propositions étaient démesurées. Si "les amis d'hier" étaient tombés d'accord sur la nécessité de reconduire l'ex-majorité gouvernementale, ils ont sorti leurs griffes aussitôt que s'est posée la question du nombre de portefeuilles à octroyer à chacun d'eux. A méditer sur les propositions de chaque parti, M. El Fassi se retrouvera avec au moins vingt-quatre (24) postes ministériels à proposer, au lieu des vingt (20) annoncés précédemment. L'USFP, qui aurait conditionné sa participation au gouvernement El Fassi à l'obtention de cinq (5) portefeuilles, s'est vu opposer un "veto" de la part du MP et du RNI, qui ont appelé le Premier ministre à s'en remettre aux "résultats des urnes" et rappelé à l'ordre l'USFP en évoquant sa "chute" à la cinquième position lors du scrutin du 7 septembre dernier. Le MP et le RNI, classés respectivement 3ème et 4ème, s'estiment par contre en droit d'avoir chacun le même nombre de portefeuilles revendiqué par l'USFP. D'où il ressort que les portefeuilles réclamés par l'USFP, le MP et le RNI, s'élèverait à 15. Si à ce chiffre, il faudrait ajouter deux (2) autres postes proposés par le PPS, sans oublier les 7 du parti vainqueur (parti de l'Istiqlal), le gouvernement El Fassi aura atteint les vingt-quatre postes ministériels, ceci sans compter évidemment les 5 ministères dits de souveraineté. La distribution des portefeuilles entre les partis de la majorité sortante est également sujet à polémique. La course aux secteurs-clefs fait rage au sein de l'ex-coalition gouvernementale, notamment les secteurs à vocation sociale. Face à ces exigences démesurées, le Premier ministre Abbas El Fassi «devra avoir le courage de gérer immédiatement la situation en imposant à chaque parti concerné le nombre de postes à pourvoir», affirme à ALM Lahcen Daoudi. Il y a lieu de rappeler que SM le Roi Mohammed VI avait souligné que la «majorité que devrait proposer M. El Fassi aurait à répondre, tant au niveau de sa structure et de sa composition que dans son programme, aux grandes priorités et questions majeures de la nation». L'exigence d'efficacité doit être le préalable à toute négociation. Une exigence que plusieurs analystes veulent bien souligner, en mettant en garde contre le consensus. «Ce que l'on gagne en consensus, on le perd en efficacité», a averti un observateur, en ajoutant que «la multiplication des secrétaires d'Etat dans le but de "faire plaisir" aux uns et autres partis de la majorité sortante sera "une grande catastrophe». Les pronostics vont bon train sur "l'essaimage" attendu non seulement de secrétaires d'Etat mais aussi de ministres délégués, comme porte de sortie à la crise qui bloque la formation du prochain gouvernement. Des sources bien informées font état de création de pôles auxquels plusieurs sous ministères seront rattachés. S'agissant du pôle commerce et industrie, des observateurs évoquent la probabilité de créer deux secrétariats d'Etat chargés des PME et PMI ainsi que du commerce extérieur. Idem pour le pôle Finances, qui sera renforcé d'un secrétariat d'Etat chargé du Budget. En ce qui concerne l'Education nationale, les analystes évoquent également la mise en place d'un secrétariat d'Etat chargé de l'Enseignement supérieur. Pour ce qui est de l'Habitat, la tendance est par contre au regroupement des départements de l'Eau, de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire. Il en va de même pour le secteur du Tourisme qui comme par le passé, fusionnera avec le département de l'Artisanat et de l'Economie sociale. Concernant l'ex-département du MP Mohand Laenser, on parle cette fois de créer deux ministères indépendants pour l'Agriculture et la Pêche. Contrairement aux pronostics qui courent, le département de la Culture restera un ministère à part, alors que le secteur de la Communication sera réduit à une direction rattachée directement à la Primature. La communication aura sa propre direction dans le prochain gouvernement Dans le prochain gouvernement Abbas El Fassi, la Communication pourrait devenir une Direction attachée à la Primature. Des sources proches du Premier ministre nommé affirment que, dans la nouvelle configuration du gouvernement, le ministère de la Communication pourrait disparaître. «Après la création d'instances de contrôle de l'audiovisuel, le changement de statut du pôle public de radio et télévision, la consolidation de l'autonomie du CCM, et la prochaine création du Conseil national de la presse (CNP), il n'y aura plus besoin d'avoir un ministère de la Communication», explique un spécialiste du dossier avant d'ajouter: «le travail fait par Nabil Benabdellah a permis de clore avec succès les plus grands dossiers de réforme du secteur». Pour ce qui est de la mission de porte-parole du gouvernement, des sources informées affirment que deux options sont envisagées : affecter cette mission à la nouvelle Direction de la communication ou la rattacher au ministère chargé des Relations avec le Parlement.
Un secrétariat d'Etat chargé du Budget Un intérêt particulier est accordé à la gestion du budget de l'Etat dans le prochain gouvernement. Pour le ministère des Finances et de la Privatisation, Abbas El Fassi compte créer un secrétariat d'Etat chargé du Budget. La préparation de la Loi de finances est l'une des phases cruciales dans la vie d'un gouvernement. Le Premier ministre istiqlalien mettra en place pour la première fois un pôle chargé uniquement d'étudier les dépenses et les ressources étatiques. En France, le gouvernement François Fillon a créé deux ministères chargés des finances. Il s'agit d'Eric Woerth, ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, et de Christine Lagarde, ministre de l'Économie, des Finances et de l'Emploi. Chez nous, et depuis 10 ans, c'est l'Usfpéiste Fathallah Oualalou qui est seul aux commandes du ministère des Finances et de la Privatisation. La Loi de finances 2008 est le premier exercice que doit affronter l'équipe El Fassi. «Ce sera le premier budget qui va intervenir dans le cadre de la réforme budgétaire et notamment du Cadre de la dépense à moyen terme (CDTM) encadrant la politique budgétaire non seulement pour 2008, mais aussi pour 2009 et 2010», a expliqué l'argentier du Royaume dans un entretien accordé à ALM au mois de juillet dernier (Voir ALM n° 1455). À deux ans de 2010, le budget de l'exercice prochain est censé accompagner le développement des secteurs sur lesquels a misé le Maroc depuis le début du 21ème siècle. D'ores et déjà, la dernière Loi de finances de Driss Jettou a balisé le terrain pour le prochain gouvernement. Le social y occupe une place de choix. En 2008, 55 % du budget de l'Etat ira aux secteurs sociaux. Une proposition qui doit être validée par le futur gouvernement.