Par un simple concours de circonstances, le parti de Droite de Sharon et le parti Avoda, travailliste de Shimon Peres, réunissaient, en ce lundi 5 janvier 2004, leurs instances supérieures. Une bataille décrivant le nouveau visage du Likoud s'avère inévitable. Aujourd'hui, Ariel Sharon parle, sans cesse, de « séparation unilatérale » et, toujours de « concessions douloureuses ». Mais quand il aura peut être passer des paroles aux actes, ne risque-t-il pas de se trouver les mains liées par le Comité Central de son parti ? C'est le véritable enjeu de la convention du Likoud qui s'est ouverte lundi. En associant leurs forces, les derniers partisans déterminés du «Grand Israël » et les politiciens proches des milieux affairistes du Likoud, voudraient faire du Comité Central où leur influence peut être déterminante l'instance supérieure qui fixe la politique du parti. Un comité dont le chef du gouvernement devra obtenir l'aval de toute initiative politique. Une des résolutions proposées est, donc, d'interdire aux membres du parti à la Knesset (Parlement) et au gouvernement de se représenter aux élections législatives du pays, s'ils ont voté ou agi, contre la politique officielle de leur parti. Voire même, d'être limogés par un vote secret. Par compte, dit-on au sein de l'extrême droite du Likoud : ni Sharon, ni Olmert ne pourraient être candidats du parti étant donné leur soutien à un Etat palestinien contrairement aux résolutions du Comité Central. Ce danger est loin d'être théorique, puisque la ministre de l'Education nationale Limor Livnat, met en garde contre la remise en question de la démocratie, en adoption des amendements aux statuts permettant, aux militants d'extrême-droite qui vont jusqu'à demander un «transfert des Palestiniens en Jordanie et en Syrie» - ainsi qu'aux membres du « milieu criminel » au passé douteux de s'emparer de la direction du parti pour suivre leurs intérêts. On attend, donc, avec curiosité le discours d'Ariel Sharon au Congrès du Likoud pour savoir s'il maintiendrait le ton modéré de sa déclaration – programme à la Conférence de Herzlia, ou bien s'il se montrera à nouveau agressif, pour complaire aux délégués du Likoud ! Selon un ministre, Ariel Sharon cherche à se rapprocher des extrémistes du parti, après avoir compris qu'il avait atteint le risque de voir lui échapper, le contrôle du parti, par manque d'action au sein du parti, mais surtout la déception des candidats du Likoud aux dernières élections municipales. On estime que le Congrès du Likoud ne fera que des vagues en surface. La confrontation, en absence de vote, sera souterraine et ne s'en poursuivra pas moins entre les deux grandes tendances des partis. Celle du nouveau et des concessions, voire « douloureuses», maniées par Ariel Sharon et, d'autre part, celle de l'intransigeance, idéologique menée par Moshé Felgin, chef du gouvernement du Likoud juive », Sharon, hier encore, a vivement critiqué les habitants des implantations sauvages qu'il compte faire évacuer, en les accusant « de porter atteinte aux véritables valeurs de la colonisation»… Ce à quoi, les chefs des colons, représentés dans la coalition gouvernementale par le « Mafdal » !…, ont répliqué : « c'est une déclaration de guerre de la part de Sharon, dans un seul désir de complaire à la gauche israélienne et aux Américains ». Par ailleurs, hier, le Comité Central du Parti Avoda, travailliste, a approuvé par 60% des voix le nouveau programme du parti incluant le « retrait unilatéral de la bande de Gaza et le retour aux frontières de 1967, avec des corrections limitées». Mais plus qu'un programme politique, devenu public, le véritable sujet d'intérêt du Comité Central travailliste, était l'avenir du président provisoire du parti. Shimon Peres a remporté, hier, la première manche de son nouveau combat afin de rester, au moins deux ans de plus à la tête du parti et, pourquoi pas, le jour venu – le mener aux élections. Malgré les critiques de Matan Vilnai, - général de réserve et ancien ministre lui-même candidat à la présidence et partisan d'un vote immédiat, il a été décidé par le Comité Central travailliste, que la proposition de l'allongement du mandat du président, sera portée devant le Comité, avant la fin de ce mois de janvier. D'ici là, les travaillistes essayeront d'arriver à un compromis pour l'allongement du mandat de Sharon d'un an et dans un an on verra, encore… Mais, tous sont convaincus que cela est tout vu : « Peres n'a aucune envie de dire au revoir à la vie politique jusqu'à l'âge de 120 ans ! » Sharon cherche, peut-être, une nouvelle alliance avec Shimon Peres. Mais saura-t-il sortir de la paralysie politique ?