Al-Kharazine est l'une des rues les plus actives d'Asilah. C'est un lieu où la vente de produits divers et d'objets d'artisanat connaît une grande affluence des touristes nationaux et internationaux. Située dans l'ancienne médina, la rue du commerce, plus connue sous le nom d'Al-Kharazine, est l'une des rues les plus anciennes et les plus visitées. Elle connaît pendant la saison estivale une grande affluence des touristes nationaux et internationaux. Les commerçants y vendent notamment les objets d'artisanat : ustensile de cuisine ou objet de décoration (poterie, céramique, fer forgé, cuir...). Les clients trouvent aussi des babouches, des blousons, des bijoux en argent... La rue est entourée des plus prestigieux monuments historiques de la ville notamment la tour Kamra, l'ancienne porte Bab Bhar, l'ancienne synagogue ainsi que la mosquée Lalla Saïda, qui fut édifiée sur la place d'une ancienne église. Par ailleurs, cette rue marque la renaissance d'un métier ancestral, à savoir l'artisanat du cuir. «Dans les années 40, les habitants de la ville exerçaient soit les métiers de tisserand ou de cordonnier traditionnel (fabricant de babouches) soit la pêche. Seule, l'artisanat du cuir comptait plus d'une centaine d'artisans. A l'époque, la ville d'Asilah ne disposait que d'une seule tannerie. Les artisans devaient se déplacer jusqu'à Ksar El Kébir ou Tétouan pour acheter la matière première», se rappelle le président de l'ancienne coopérative des artisans et membre de la Chambre d'artisanat de Tanger-Tétouan, Mohamed Belharadia, qui exerce depuis 1948 le métier d'artisan du cuir. L'artisanat du cuir a subi une chute d'activité dans les années 70. Elle ne compte actuellement que deux artisans (deux anciens cordonniers traditionnels). «Pour apprendre ce métier, Nous-les jeunes apprentis- devions être disciplinés et prêts à accomplir les tâches les plus dures. Nous devrons, entre autres, porter les peaux d'animaux jusqu'à la mosquée Lalla Saïda pour les laver dans la cour où se trouvait la fontaine aux ablutions. Les nouvelles générations fuient de plus en plus les métiers difficiles», poursuit M. Belharadia, faisant remarquer que «Les artisans ne sont plus autorisés à employer des enfants apprentis pour les initier à ce métier. Ce qui a entraîné un manque de main-d'œuvre. Nous appelons à l'implication de tous les intervenants pour la création des formations professionnelles afin de pourvoir ce secteur des jeunes spécialisés dans ce domaine». L'ancienne rue d'Al-Kharazine s'est transformée par la suite en un lieu de commerce où coexistent les différents types d'artisanat. Plusieurs anciens cordonniers traditionnels ont été contraints de vendre leurs ateliers pour subvenir aux besoins de leurs familles. D'autres se sont vus convertir à d'autres métiers d'artisanat plus rentables telle que la menuiserie. C'est le cas de Saïd Klifi, qui a hérité de l'atelier de son père, ancien cordonnier traditionnel. «J'ai travaillé longtemps avec mon père comme cordonnier traditionnel, mais j'étais toujours attiré par la sculpture et la peinture sur le bois. J'ai décidé donc de me convertir en apprenant cette discipline de l'artisanat. C'est plus rentable, d'autant plus que j'ai réussi à avoir une clientèle aussi bien marocaine qu'étrangère», révèle- t- il. Bien que la plupart des produits exposés proviennent d'autres villes, Al-Kharazine continue de séduire des visiteurs qui viennent massivement pour admirer la production artisanale marocaine.