Les citoyens de Tanger sont de plus en plus nombreux à protester contre l'anarchie de la gare routière et les mauvais comportements des chauffeurs et des courtiers. Voyager en autocar n'est pas de tout repos. A Tanger, dès l'entrée de la gare routière, les voyageurs à la quête d'un billet sont harcelés par des courtiers qui veulent à tout prix leur vendre des tickets vers différentes destinations. Les clients ont ainsi pris l'habitude d'acheter leurs billets de ces vendeurs clandestins au lieu de supporter les queues aux guichets. Ces derniers se trouvent, de ce fait, contraints d'employer des intermédiaires pour la vente de leurs tickets. La gare routière dispose d'un grand tableau d'affichage de tous les voyages permettant d'informer les clients et les inciter à se procurer leurs billets uniquement des guichets. Le tableau indique que le billet doit comporter un numéro de série, le nom de la société propriétaire de l'autocar, la ville de destination, le prix, la date et l'heure du départ. Pourtant, l'anarchie ne fait que s'amplifier. Elle donne lieu à une situation des plus compliquées en période estivale. Les navetteurs entre Tanger et les villes et villages avoisinants sont les plus touchés. «J'ai acheté mon billet, il y a plus d'une demi-heure. Nous ne savons pas combien de temps nous allons encore attendre, puisque la plupart des places de l'autocar restent vides», déplore cette jeune employée dans une usine de confection située dans la zone franche du port de Tanger et qui effectue quotidiennement le voyage entre Asilah et Tanger, depuis plus de sept ans. Ce problème de retard est chose courante, mais les voyageurs en souffrent de plus en plus surtout ceux dont les destinations se trouvent à proximité de la ville. A ces inconvénients s'ajoute le fait que la gare routière se trouve dans un état déplorable. Les saletés et détritus sont partout, particulièrement sur les lieux de stationnement des autocars. Face aux protestations des citoyens, les membres de la Ligue de défense des droits des consommateurs de la région Tanger-Tétouan se sont entretenus avec les responsables de la gare routière à propos de l'ensemble de ces problèmes et du manque de moyens dont souffre cet établissement. Suite à ses réunions, cette association a publié un communiqué où il indique que les responsables «ont promis une amélioration de leurs services pour la satisfaction de leur clientèle». Quant aux 65 courtiers et 48 porteurs qui gagnent leur vie depuis plusieurs années en offrant leurs services aux voyageurs, les responsables de la gare «ont assuré que ces 113 personnes travaillent sous leur direction et ne sont en aucun cas à l'origine du marché noir», souligne-t-on dans ce communiqué. Ce document précise, aussi, que la gare routière manque d'une véritable infrastructure de base, entre autres, un bureau d'accueil et de renseignement ainsi que d'une infirmerie et l'inexistence d'un tableau pour l'affichage des tarifs relatifs aux différentes destinations. D'après la même source, l'absence de sécurité a fait de la gare un refuge aux clochards et candidats à l'émigration clandestine d'origine subsaharienne. La fermeture des lieux sanitaires, qui sont dans un état déplorable, n'ont fait qu'empirer cette situation. La Ligue de défense des droits des consommateurs région Tanger-Tétouan a ainsi engagé d'autres réunions avec d'autres responsables de différents départements. Elle a présenté plusieurs recommandations, dont la lutte conte le marché noir, le respect des dispositions de loi sur le transport en commun et l'extension de la gare routière. La Ligue encourage, par ailleurs, les voyageurs à s'impliquer en dénonçant «les mauvais comportements des chauffeurs et des receveurs d'autocars ainsi que le mauvais état des véhicules auprès du premier point de contrôle sur les axes routiers».