Le Haut commissariat au Plan vient d'annoncer une croissance du PIB de 1,6% pour cette année et 5,8% en 2008. Ces chiffres, réalistes pour certains analystes, manquent de crédibilité pour d'autres. Le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) devrait se limiter à 1,6% en 2007. L'estimation a été faite par le Haut commissariat au Plan (HCP) et publiée, jeudi 14 juin, dans sa note sur les agrégats économiques pour l'année en cours. «Le chiffre me paraît proche de la réalité» a déclaré Mohand Laenser, ministre de l'Agriculture. Le ministre qui avoue ne pas être au fait des données globales de l'économie estime toute fois que «la seule chose qui est certaine est l'absence d'impact de la croissance agricole». M. Laenser affirme qu'une réunion à laquelle prendront part les responsables des départements de l'Agriculture et des Finances ainsi que ceux du HCP, aura lieu dans les jours à venir, au niveau de la Primature. «La réunion sera consacrée, explique-t-il, à l'étude et la clarification des chiffres liés à la croissance». Un autre membre du gouvernement qui a requis l'anonymat s'est dit étonné du chiffre publié par le HCP. «Je ne sais pas sur la base de quelles données le Haut commissariat au Plan a-t-il calculé ce chiffre», a-t-il dit. Cette estimation de la croissance économique en 2007 s'inscrit dans le cadre du budget exploratoire du HCP, explique un communiqué de ce dernier. Le budget exploratoire est élaboré chaque année à la veille de la préparation du projet de loi de Finances. «Compte tenu des évolutions sectorielles différenciées, le HCP est en mesure d'estimer le taux de croissance du PIB à 1,6% en 2007, soit le même taux que celui retenu dans le budget économique prévisionnel publié au mois de janvier de l'année en cours, sous l'hypothèse d'une mauvaise campagne agricole», explique le document émanant du HCP. Cette « forte baisse » de la croissance économique s'explique, selon le HCP, par le recul de 17,2% en volume de la valeur ajoutée du secteur primaire après une croissance de 21% en 2006. Ce recul de l'activité agricole serait toutefois, tempèrent les analystes du HCP, compensé par «la consolidation des performances des secteurs non-agricoles, notamment les activités secondaires et tertiaires, qui s'accroîtraient au taux de 4,7% respectivement en 2007». Ainsi, selon le HCP, le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) continuerait son évolution à un rythme élevé. Ceci, grâce notamment à la poursuite de la réalisation des grands projets d'infrastructures et de la forte demande en habitat social, tirée vers le haut par des conditions de financement favorables. Il en est de même des industries de transformation, soutenues par la vigueur de la demande étrangère. Une demande confortée par l'entrée en vigueur des accords de libre-échange en 2006. Les activités touristiques s'inscriraient également dans le prolongement de la tendance à la hausse amorcée depuis plus de cinq années. Cette tendance sera maintenue, souligne le HCP, par le renforcement des dessertes aériennes nationales et la libéralisation du transport aérien en général. Par ailleurs, le HCP note que l'évolution de l'économie nationale en 2007 interviendrait dans un environnement caractérisé par une légère hausse des prix par rapport à l'année dernière. L'inflation augmenterait d'environ 2,6%, au lieu de 2% en 2006. Pour l'année à venir, et compte tenu de ces estimations, le budget exploratoire du HCP prévoit une croissance de 5,8% en 2008. Ce chiffre a été calculé sur la base d'une production céréalière moyenne de 60 millions de quintaux, d'une consolidation des performances des activités non-agricoles, avec une maîtrise de l'inflation à 2,4%, et d'une reconduction de la politique budgétaire de l'Etat en vigueur en 2007.