Le projet de liaison fixe à travers le détroit de Gibraltar est devenu une priorité pour le Maroc et l'Espagne. Une délégation des deux pays s'est déplacée au Luxembourg pour demander le soutien de la Commission européenne. Parti d'une idée voire une utopie, le projet de liaison à travers le détroit de Gibraltar devient une priorité. Une délégation conduite par les ministres de l'Equipement et du Transport, Karim Ghellab, et son homologue espagnole, Magdalena Alvarez, s'est déplacée à Luxembourg, vendredi 8 juin, pour demander l'appui institutionnel et financier de l'UE. «Cette rencontre a été l'occasion pour les deux délégations de présenter aux responsables européens, les résultats des études relatives au projet de la liaison fixe et les perspectives de sa réalisation, ainsi que les schémas directeurs de ses prolongements ferroviaires au Nord et au Sud », indique un communiqué conjoint des deux ministères, marocain et espagnol. Le même document précise que le but de cette rencontre a été également de «solliciter un appui institutionnel de la Commission européenne pour le développement de la liaison fixe, dont la requête a été introduite conjointement par les deux ministres». Les deux partenaires précisent en outre que le projet de liaison fixe et ses prolongements au Nord et au Sud, «à travers des axes multimodaux sont inscrits parmi les projets prioritaires retenus pour l'extension du réseau trans-européen de transport aux régions et pays voisins, et dans le cadre du Plan d'action régional des transports pour la région méditerranéenne, établi pour la période 2007-2013 ». Un groupe de travail sur les infrastructures sera, d'ailleurs, mis en place pour l'évaluation des projets prioritaires retenus et l'élaboration de «Cartes d'infrastructures de la région méditerranéenne». Pour sa part, le Maroc, à travers le département de l'Equipement et du Transport a déjà inscrit cette donne dans sa stratégie de développement des communications terrestres. Ainsi, souligne-t-on auprès de ce département, la partie Sud des axes ferroviaires prévus dans cette stratégie de l'UE comportent l'axe Tanger-Casablanca-Agadir et Casablanca-Oujda. Ces deux axes sont déjà inscrits dans le cadre du «schéma directeur des lignes ferroviaires à grande vitesse», planifié par le Maroc. Ledit schéma vise à doter le pays, à l'horizon 2030, d'un réseau ferroviaire à grande vitesse, d'une longueur de 1500 km. Pour rappel, l'agence Swissinfo avait annoncé en octobre 2006 qu'un bureau d'études suisse avait été retenu pour construire ce tunnel ferroviaire reliant l'Afrique et l'Europe. Les études préalables de ce projet maroco-espagnol, «d'une immense complexité», devraient prendre fin en 2008. Les deux sociétés étatiques, créées ad hoc, la marocaine SNED et l'espagnole SECED, sont, en effet, en train de finaliser ces études, précise-t-on, et elle vont élaborer un rapport d'évaluation global du projet en 2008 qui sera remis aux deux gouvernements. Fin 2005, le Maroc et l'Espagne avaient réaffirmé une nouvelle fois leur engagement d'aller de l'avant dans le projet de construction de la liaison fixe en signant un accord portant sur un investissement de près de 10 millions d'euros au titre de l'année 2006. Par ailleurs, les principales conclusions des études techniques déjà réalisées font état d'un tracé consensuel, le plus approprié, qui relie Tarifa en Espagne au cap Malabata à Tanger. La solution sur laquelle les deux parties se sont finalement mises d'accord consiste en la construction d'un macro-tunnel de trois galeries souterraines, abritant trois voies ferrées, d'une longueur de 38 km dont 28 sous la mer. Et ce, sous une profondeur marine de 300 mètres.