Massaoud Oueld Fuedal Boussaoula, un farouche opposant au Polisario, vient d'être libéré par les autorités algériennes, qui ont cédé à la pression des défenseurs des droits de l'Homme. Boussaouala enfin libéré, après avoir été condamné fin 2006 à quatre ans de prison par un tribunal algérois. Cet ex-pilote sahraoui, devenu farouche opposant au Polisario, avait été arrêté fin 2006 à son retour à Alger d'un voyage d'affaires en Espagne pour une fausse affaire de contrebande. Il a été condamné en février dernier à une lourde peine. Le verdict avait suscité une véritable levée de boucliers, notamment parmi les membres de sa famille résidant à Madrid, mais aussi au sein de sa tribu «Izergiyine», à Laâyoune, appuyée par des militants des associations de défense des droits de l'Homme. Ces derniers avaient contesté «un procès monté de toutes pièces». «Grâce aux efforts des ONG de défense des droits de l'Homme et à la campagne de sensibilisation que nous avons menée dans la presse, Boussaoula a pu retrouver sa liberté», s'est félicité hier son frère Hassana Boussaoula, cité par MAP-Madrid. «Connu pour son militantisme en faveur de la défense des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf et pour ses positions critiques contre la direction du Polisario, mon frère a été réduit au silence dans un procès pour une affaire de droit commun montée de toutes pièces», avait dénoncé Hassana Boussaoula, l'un des fondateurs du Polisario, ayant regagné la mère-patrie. Interrogé sur ce procès, le président de l'Assadeh (Association sahraouie de défense des droits de l'Homme, basée à Barcelone), Ramdane Ould Messaoud, a déclaré à «ALM» que «Fuedal Boussaoula a été condamné pour avoir affiché son opposition à la direction du Polisario et manifesté son intention de regagner la mère-patrie, le Maroc». Il a ajouté que Boussaoula a été arrêté en décembre dernier, sur «recommandation» de la direction du Polisario, avant d'être condamné en février à une peine sévère «au motif qu'il faisait de la contrebande de voitures», alors qu'il a été jugé pour avoir uniquement dénoncé les pratiques répressives de la direction du Polisario. Le président de l'Assadeh a, par ailleurs, précisé que «ce jugement intervient alors que la direction du Polisario, en parfaite collusion avec les autorités d'Alger, menait une importante campagne de harcèlement contre tous les opposants». Il a exprimé, par la même occasion, son inquiétude quant au sort d'autres victimes tels que Ali Ould Alouate, incarcéré dans les geôles de Tindouf, et Souleymane Ould Loul, un opposant toujours porté disparu. Fuedal Boussaoula, dont l'état de santé s'était gravement détérioré, «avait subi un traitement inhumain lors de sa détention et de l'interrogatoire auquel il a été soumis», a-t-il ajouté. Le régime algérien n'a pas fait de cas de l'état de santé de la victime. Il aura fallu une grande mobilisation de la part de la famille de la victime, avec le soutien de sa tribu à Laâyoune, ainsi que des défenseurs des droits de l'Homme, pour qu'il soit libéré. Le régime algérien a ainsi fini par céder aux pressions. Plusieurs opposants au Polisario à Tindouf prévoyaient, hier dans l'après-midi, d'organiser des manifestations à l'arrivée de Fuedal Boussaoula dans les camps. La direction du Polisario, qui avait annoncé son opposition à ces manifestations, a mobilisé ses «milices» pour éviter que la cérémonie d'accueil ne se transforme en « Intifada» contre les autorités en place. Une nouvelle vague répressive contre les séquestrés est attendue.