Le dernier film du grand cinéaste africain Abderrahmane Sissako, "Bamako", a été projeté mardi soir à la 8ème édition du Festival international du cinéma de Las Palmas, qui se tient du 16 au 24 mars. Programmé dans le cadre de la "Section informative" de ce Festival, qui consacre cette année une rétrospective du cinéma marocain, le film "Bamako" dénonce l'exploitation en Afrique par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, ainsi que la privatisation du monde par ces deux institutions internationales. Le film, qui a reçu en 2006 au festival de Cannes le prix du grand public, raconte l histoire de Melé, une jeune malienne chanteuse dans un bar et son mari Chaka, en situation de chômage, et comment le couple se déchire. Dans la cour de la maison qu'ils partagent avec d'autres familles, un tribunal a été installé, au milieu des habitants qui vaquent à leurs occupations. Des représentants de la société civile africaine ont intenté un procès contre la Banque mondiale et le FMI qu'ils jugent responsables du drame qui secoue le continent africain, pris dans l'étau de la dette et de l'ajustement structurel. Entre plaidoiries des avocats des deux institutions internationales et de la société civile africaine et témoignages de la population, Chaka semble indifférent aux débats. A travers ce procès fictif, Sissako traite de divers sujets tels que la dette africaine, la pauvreté, les inégalités Nord-Sud, la mondialisation, la privatisation des moyens de transports et des télécommunications et de l' émigration. Le festival marqué par la projection de quelque 150 films internationaux, dont 22 marocains, sera clôturé le 24 courant par la remise des prix. Deux films marocains sont en compétition officielle pour le sacre, le long-métrage "What a Wonderful World" de Faouzi Bensaidi et le court métrage "Dernier cri" du jeune Hamid Basket, qui devait être projeté au public mercredi au cinéma monopol de Las Palmas.