Youssef Khouidri, partiellement remis de ses blessures, passe aux aveux. Les renseignements fournis par lui serviront à reconstituer le fil des événements qui ont conduit à l'attentat de Casablanca, le 11 mars dernier, et à l'arrestation d'une vingtaine de personnes. Youssef Khouidri, l'un des kamikazes du 11 mars dernier, a enfin pu être entendu par les enquêteurs vers la fin de la semaine qui vient de s'écouler. Le kamikaze rescapé, toujours hospitalisé à Casablanca, aurait déclaré aux enquêteurs qu'il avait l'intention, une fois que Abdelfettah Raydi ait actionné sa bombe dans le cybercafé de Sidi Moumen, de se diriger vers le quartier Moulay Rachid pour faire exploser plusieurs dizaines de kilogrammes d'explosifs déposés dans une chambre de la rue 26 au "Groupe 4". Une version que dément une source policière qui indique que le jeune kamikaze, apeuré par ce qui venait d'arriver ce dimanche soir, cherchait avant tout à se mettre hors de portée des services de sécurité avant d'être rattrapé vers Sidi Othmane. Toutefois, ses premières déclarations avaient aidé à localiser le lieu où avaient été entreposés les explosifs et à l'arrestation d'un autre kamikaze réserviste qui serait originaire, lui, de Salé. La famille de Youssef Khouidri notamment sa mère continuent cependant de clamer que ce dernier a été victime de la manipulation de la cellule terroriste et qu'il ne mesurait nullement la gravité des actes dans lesquels il avait été impliqué. Les premiers éléments de l'enquête, comme l'a révélé, jeudi 15 mars, le ministre de l'Intérieur, ont conduit à l'arrestation de dix-huit individus impliqués de manière directe dans la préparation d'attentats qui devaient viser plusieurs établissements à Casablanca dont des structures touristiques. Chakib Benmoussa avait également affirmé que six autres individus étaient recherchés dans le cadre de l'enquête menée par les services de sécurité. Selon le ministère de l'Intérieur, la cellule de Abdelfettah Raydi était entrée en action depuis le mois de novembre dernier. Quelques-uns de ses membres mettaient les points finaux à la préparation d'actes terroristes à Casablanca où ils avaient loué une chambre pour la fabrication de bombes artisanales à base de matériaux explosifs identiques à ceux utilisés lors des attentats du 16 mai 2003. Le plan ayant été "contrarié" par l'incident du cybercafé de Sidi Moumen, les premières investigations ont conduit à la localisation et au démantèlement des explosifs du quartier Moulay Rachid et que les terroristes s'étaient procurés sur une période étalée sur trois mois. C'est aussi pour ces raisons que des consignes avaient été données aux services de sécurité pour une meilleure surveillance de la commercialisation, par les quincailleries de la métropole, de toute substance suspecte à des clients "inhabituels" qui chercheraient surtout à acquérir des quantités exagérées. Selon des sources informées, les personnes arrêtées dans le cadre du dernier attentat font toujours l'objet d'interrogatoires par les enquêteurs alors que certaines d'entre elles auraient été remises en liberté. Abdelfettah Raydi et Youssef Khouidri résidaient tous les deux au quartier Sidi Moumen, à douar Skouila. Ils sont âgés respectivement de 23 et 18 ans. Raydi purgeait déjà une peine de cinq ans de prison ferme avant de bénéficier, en novembre 2005, d'une grâce. Il y a près de six mois, les services de sécurité avaient perdu toute trace de lui.