Les services de sécurité continuent de traquer les commanditaires de l'attentat du 11 mars dernier à Casablanca. A ce jour, près de 160 individus ont été entendus par la police. L'écrasante majorité des prévenus ont été remis en liberté. Abdelkébir Essikel et Abdelkader Errouhi, deux ex-détenus salafistes interpellés après le 11 mars 2007, ont été remis en liberté par les services de sécurité. Ces derniers avaient été libérés en même temps que Abdelfettah Raydi, le kamikaze tué par sa bombe dans le cybercafé de Sidi Moumen. Ils avaient été condamnés, en 2003, à des peines de prison de 10 et 8 ans. Selon des sources informées, Abdellatif Amrine, l'un des kamikazes réservistes du 16 mai 2003, Zakaria Bouchama et Abdelali Gricha, tous d'ex-détenus salafistes graciés, sont toujours entendus par les enquêteurs sur leur éventuelle responsabilité dans l'attentat de Sidi Moumen et les actes terroristes planifiés par la cellule de Abdelfettah Raydi. Au total, près de 160 individus avaient été entendus par les services de sécurité avant que l'écrasante majorité d'entre eux ne soit relâchée. Officiellement, dix-huit personnes seulement ont été arrêtées par les services de sécurité après l'attentat du 11 mars dernier alors que six autres sont activement recherchés comme l'avait déclaré récemment Chakib Benmoussa. Les personnes arrêtées, apprend ALM, n'ont pas encore été déférées devant la Cour d'appel de Rabat ayant compétence territoriale nationale en matière d'affaires de terrorisme. Une source au ministère de la Justice affirme que les enquêteurs devront encore disposer de plus de temps pour mener à bien leurs investigations et notamment sur la base des informations que pourrait de nouveau fournir Youssef Khouidri. Ce dernier, à en croire plusieurs sources, était passé par des moments difficiles quand les services de l'hôpital Mohammed V ont été amenés à l'opérer pour le soigner des graves blessures qu'il avait subies au niveau de la gorge quand son acolyte avait actionné sa bombe dans le cybercafé de Sidi Moumen. Aux dernières nouvelles, les jours du jeune kamikaze ne seraient pas en danger. En plus de quelques informations fournies par ce dernier avant son opération, les enquêteurs ont axé leur travail sur son téléphone portable, mais aussi sur l'entourage immédiat et le cercle des connaissances de Youssef Khouidri. Il était notamment question d'arriver à connaître les milieux qu'il fréquentait lors des derniers mois et surtout depuis novembre 2006, date à laquelle s'était constituée la cellule de Raydi. De sources policières, les deux frères de ce dernier sont toujours entendus par les enquêteurs au moment où un autre membre de la famille Raydi continue à faire l'objet d'intenses recherches. Ce dernier aurait pris l'habitude de rendre visite à son frère Abdelfettah à l'époque où ce dernier s'était soustrait à la surveillance des services de sécurité pour se terrer dans l'un des douars anarchiques aux environs de Mohammédia. Abdelfettah Raydi avait rédigé une lettre depuis sa prison d'Outita en mai 2005 pour affirmer qu'il n'avait rien à avoir avec les attentats de mai 2003 et avec les membres de la cellule de Mohammédia. Il affirmait que sa seule activité, quand il fut arrêté en juin 2003, se limitait au commerce avec un fonds estimé à 40.000 DH. L'attentat de Sidi Moumen, et la découverte de quantités d'explosifs dans une maison du quartier Moulay Rachid tendent à prouver le contraire.