Le nucléaire a été le sujet dominant de la conférence-débat organisée lundi 26 février par la Fédération de l'énergie. S'il n'y a pas de décision politique majeure au-jourd'hui, le Maroc ne pourra pas développer le nucléaire avant au moins une quinzaine d'années. C'est le sentiment de bon nombre d'experts et d'opérateurs présents lundi 26 février lors d'un débat consacré à l'énergie, organisé à la l'initiative de la Fédération du même nom. Ceux comme Moulay Abdellah Alaoui, président de cette instance, qui trouvent que ce délai est long, rappellent que le Maroc a déjà fait du chemin en matière nucléaire. «Des études ont été menées il y a dix ans, un site a été ciblé. De plus, le Maroc a formé beaucoup d'ingénieurs dans le domaine de l'énergie nucléaire», indique cet industriel. Il faut dire que la récente rencontre entre le Premier ministre, Driss Jettou et la présidente du directoire d'AREVA fait jaser des opérateurs de l'énergie, pressés de voir l'Etat leur proposer des alternatives compétitives à l'énergie fossile. Le débat national du 30 octobre 2006 constitue, de ce fait, une référence. «Nous avons eu le sentiment qu'il fallait dépasser l'affrontement manichéen entre le lobby du nucléaire et les personnes défavorables à cette énergie», rappelle le président de la Fédération dans son intervention. Et de renchérir : «De toute évidence, l'option nucléaire est incontournable aujourd'hui pour la production de l'électricité, vu la croissance exponentielle de la demande». Un avis que l'on retrouve dans le discours de Phillippe Chalmin, directeur des affaires internationales à l'université Paris Dauphine. L'expert, auteur d'une trentaine de livres, a exploré les nouvelles frontières en passant de l'énergie à l'agriculture et aux ressources naturelles. Pour sa part, Bertrand Barre a mis les projecteurs sur la contribution de l'énergie nucléaire au développement durable, une contribution souvent occultée par les enjeux géostratégiques et les risques environnementaux que comporte le nucléaire. D'où l'insistance de l'expert sur la sûreté des réacteurs, la gestion des déchets radioactifs. En un mot, le directeur de la recherche & développement à Cogema milite pour un usage raisonné du nucléaire. En tous les cas, avec la double pression de la démographie et des besoins de développement des pays du Sud, la demande d'énergie va augmenter progressivement dans les prochaines années. D'autre part, par précaution vis-à-vis des risques du changement climatique, les experts préconisent la limitation des émissions de gaz à effet de serre, dont une partie importante provient des combustibles fossiles (charbon, gaz et pétrole) qui assurent aujourd'hui 87% de nos besoins. En tant qu'importateur net d'éne-rgie, «le Maroc, note M. Alaoui, ne pouvait rester insensible à l'agitation qui s'est emparée du monde, agitation vivement alimentée aussi bien par l'envolée des cours que par le sentiment de l'épuisement imminent des réserves d'hydrocarbures qui demeurent, du reste, intimement liés l'une à l'autre». La réforme en huit points Les professionnels du secteur définissent la réforme du secteur énergétique au Maroc en huit points : 1. La libéralisation au niveau national avec la remise à plat de la Caisse de compensation; 2. L'intégration régionale des systèmes d'approvisionnement et de distribution de l'énergie; 3. La mise en place de la vérité des prix; 4. La préservation de l'environnement; 5. La maîtrise de l'Energie; 6. Le mixe énergétique; 7. La gestion déléguée; 8. La promotion du débat national.