Après avoir observé un sit-in, lundi devant la wilaya de Casablanca, les chevillards se disent prêts à renouveler leur protestation si l'abattage clandestin n'est pas combattu. L'abattage clandestin provoque la colère des chevillards casablancais. Lundi, à 12h, face à la wilaya du Grand Casablanca, ils étaient une centaine à clamer leur droit d'être protégés contre une concurrence illégale qui attise leur colère. «On nous a reçus et entendus à la wilaya. Les responsables se montrent prêts au dialogue, mais ce qu'il nous faut, c'est qu'ils réagissent au plus vite contre l'abattage clandestin», affirme Mohamed Dahbi, coordinateur préfectoral de l'Union générale des entreprises et des professions. Selon ce dernier, plus de 300 chevillards casablancais ont dû mettre la clé sous le paillasson, depuis les cinq dernières années, en raison de la prolifération de l'abattage clandestin. «Partout à Casablanca, notamment à Hay Hassani et à Derb Ghallef, l'abattage clandestin devient le fournisseur numéro 1 de la viande rouge auprès des consommateurs. Il y a désormais des centres bien connus où se concentre l'abattage clandestin», dénonce le coordinateur. Pour les chevillards, il n'y a qu'une seule explication à cette prolifération rapide des viandes aux origines inconnues: le manque de contrôle. Ils sont unanimes à accuser les autorités de la ville d'inertie et de manquement à leurs devoirs. Les chevillards légitiment donc leurs revendications relatives à la dissolution de la commission préfectorale chargée de la lutte contre l'abattage clandestin. Une revendication qu'ils considèrent comme capitale pour que les abattoirs et les chevillards puissent reprendre leur activité. «Nous ne défendons pas seulement notre intérêt, mais surtout celui des consommateurs. Nous l'avons, d'ailleurs, souligné aux responsables à la wilaya», tient à signaler ce professionnel. Les abattoirs fournissent au maximum 22.000 tonnes de viandes, d'après les chevillards. Or, la consommation à Casablanca atteint 120.000 tonnes. Des chiffres qu'avancent les chevillards en soulignant, bien sûr, le grand écart que comblent les viandes de provenance clandestine. «C'est la viande bovine qui est visée par l'abattage clandestin. Cela se passe dans des souks environnants de Casablanca et les viandes sont ensuite acheminées dans des conditions insalubres avant d'atterrir sur nos marchés», affirme Jamal Sarhane, membre de la coopérative des transporteurs de viandes. A l'abattage clandestin, s'ajoute la provenance des viandes d'autres régions. Ce qui met de l'huile sur le feu des chevillards convaincus d'avoir le droit d'être l'unique fournisseur de tout Casablanca : «Les viandes viennent de Tit Mellil, de Had Soualem et d'autres souks hebdomadaires pour nous concurrencer», souligne ce chevillard. Une situation face à laquelle les chevillards se sont opposés par une pétition et des réclamations : «Rien qu'en 2005, nous avons déposé 702 réclamations auprès des autorités. Mais celles-ci n'on donné suite à aucune réponse!», ajoute le coordinateur. En fait, l'abattage clandestin a servi de goutte qui a fait déborder le vase. La liste des problèmes dont les chevillards affirment souffrir depuis que la société espagnole a pris en main la gestion des abattoirs est longue. «Nous n'avons pas soulevé ce problème lors de nos discussions avec les responsables du moment que le contrat s'achève. Nous avons juste demandé à ce que l'on soit présents lors de l'élaboration du nouveau cahier de charges afin de prévenir les problèmes et à ce qu'il y ait une brigade de lutte contre l'abattage clandestin pour chaque préfecture. Les responsables nous ont donné un accord de principe», déclare ce représentant des professionnels. Le dialogue est ouvert et les chevillards semblent plus confiants. Ils devaient se réunir, hier en fin d'après-midi, pour élaborer des propositions qu'ils soumettront aux autorités. A la suite de quoi, les règles du jeu deviendront un peu plus claires.