Le projet de lifting de l'avenue Allal Ben Abdellah s'est heurté à l'opposition des commerçants. D'aucuns ont cru qu'il allait être abandonné. Pour la wilaya de Rabat, il n'en est pas question. La ville de Rabat n'en finit pas de se refaire une beauté. Des chantiers qui s'ouvrent et d'autres qui attendent leur tour. Les R'batis en ont pris l'habitude, à force de voir les travaux se prolonger. Et voilà, justement, la raison pour laquelle d'aucuns se demandent si l'avenue Allal Ben Abdellah aura droit à ce brin de toilette général. Il y a quelques mois, une grande affiche placée sur un panneau devant le cinéma «7e art» donnait un aperçu de l'image à laquelle devra ressembler l'avenue après le lifting prévu. La maquette commençait déjà à nourrir l'imagination des passants lorsqu'elle a été enlevée par les autorités de la ville laissant le panneau vide et les questions en suspens. Que se passe-t-il ? Eh bien, au début, ce sont les commerces situés tout au long du boulevard qui ont été montrés du doigt. Leurs propriétaires avaient reçu au mois de Ramadan dernier la visite du parrain du projet, la wilaya, qui les a avisés du lancement imminent des travaux et, surtout, de la nécessité d'y contribuer. Les commerçants devaient donc mettre la main à la poche pour réaménager leurs façades et leurs bâches. Mutisme : les commerçants que boudaient déjà les clients, disaient aller vers la faillite. Ils n'étaient pas contents et ils le sont davantage par mimétisme que pour toute autre raison. Leurs camarades du boulevard Mohammed V se sont vu dispenser de la «corvée» du renouvellement des bâches. «Alors pourquoi pas nous ?», se disaient les commerçants de Allal Ben Abdellah. La discorde était bien là, mais elle ne s'est plus fait entendre, puisque les travaux n'ont finalement pas eu lieu dans les semaines qui ont suivi. Bien avant la fin de 2006, c'est un autre chantier qui a chamboulé tout le boulevard. Il ne s'agissait pas d'embellissement, mais de raccordement et de mise en place de canalisations et de voiries, entrepris par la Redal et par Maroc Telecom. Il s'agissait, en fait, de tout mettre en ordre avant que la ville ne commence son lifting. Ce sera pour quand ? A la wilaya, on se contente de rassurer les R'batis sans fixer de date: le projet n'est pas tombé à l'eau, il attend juste le bon moment pour être lancé. «Le projet fait partie d'un plan d'aménagement de longue durée. C'est la ville qui s'en occupe et en ce moment, l'étude d'aménagement de ce boulevard est en cours de réalisation», explique le chef de la division technique de la wilaya, Heddi El Hatimi. En somme, il faudra attendre que cette étude soit finalisée pour passer au revêtement des trottoirs, des façades et au renouvellement de l'éclairage public, entre autres. Si l'affiche a été enlevée, c'est tout simplement parce qu'elle a été jugée par la wilaya comme étant «mal conçue» sur le plan qualitatif. «Nous comptons mettre un panneau plus important qui puisse rendre compte de la valeur du projet», insiste M. El Hatimi.Le projet, dont a été chargé l'ingénieur en chef de la wilaya, coûtera environ 5 millions de dirhams. Les commerçants, eux, devront passer à la caisse, car la loi n'est pas de leur côté. Dans ce type de cas, ils sont sommés de remplir leur devoir en payant la facture des travaux dont ils seront, finalement, les bénéficiaires. En attendant que les choses se mettent en place dans ce boulevard très fréquenté du centre-ville, à quelques mètres, c'est Bab Bouiba et l'avenue Hassan II qui passent à l'action. Restauration des murailles et élargissement du rond-point face au grand jardin «Nouzhat Hassan». Le chantier n'arrange pas la circulation plongée dans la confusion entraînée par l'absence de feux de signalisation et par la « passion » de certains conducteurs pour «la course». Mais il faut bien casser des œufs pour faire une omelette !