Cinq mois après avoir immolé son ami par le feu, un jeune repris de justice, âgé de vingt-six ans, a été arrêté en flagrant délit de vol à l'arraché. Son complice est en fuite mais lui, il a été mis hors d'état de nuire et sans doute pour longtemps… Fatima et Saïda passent beaucoup de temps ensemble. Sans profession depuis quelques mois, ces deux amies, voisines au quartier Derb Soltane de Casablanca, apprécient particulièrement les promenades au fil des rues. Mais ce jour-là, la sortie tournera mal. Par une après-midi de novembre, les voilà dehors. Il est quinze heures. Fatima et Saïda bavardent tout en marchant. Elles sont joyeuses, légères, insouciantes, sans pour autant paraître dévergondées. Certes, elles remarquent deux jeunes hommes qui les suivent. Mais, elles ne leur prêtent aucune attention, résignées à la fatalité de la drague systématique. Les deux jeunes femmes poursuivent donc leur promenade, sans répondre aux deux garçons qui se sont enhardis à leur chuchoter des compliments et des invitations à l'oreille. Mais voilà qu'ils se font plus pressants et que le vocabulaire change : ce sont désormais des obscénités que les deux jeunes femmes doivent supporter. Gênée, exaspérée, Fatima n'y tient plus. Elle repousse l'un des deux jeunes hommes. Soudain, le cauchemar se déclenche. Comme s'il n'attendait que ça, le jeune homme empoigne la chaîne en or qui orne le cou de Fatima et l'arrache, avant de s'enfuir en compagnie de son ami. Le cri que pousse la jeune femme alerte les passants. «Au voleur ! Attrapez le voleur ! Ils sont deux à s'enfuir, arrêtez-les !». La foule aussitôt se mobilise, tout le monde court après les voyous et finit par intercepter l'un d'eux. Il s'appelle Saïd, il est confié aux agents de police qui, entre-temps, sont arrivés sur les lieux. La fouille opérée sur Saïd a permis de retrouver la chaîne de Fatima, la somme de quatre cent dirhams et surtout un impressionnant couteau: pas de doute sur son profil, Saïd est un voyou prêt à tout. Plus tard, au commissariat de police judiciaire du district de Derb Sultane-El Fida où il est conduit, les policiers découvriront que leur client est encore plus coriace que ça. Saïd, 26 ans, célibataire, sans profession, est un repris de justice. Il a purgé une première peine de trois mois de prison ferme pour vol simple en 2001. Suivront une deuxième arrestation et une condamnation à six mois ferme pour trafic de drogue et tentative de vol à l'arme blanche, puis d'autres séjours en prison. En février 2006, après avoir purgé une quatrième peine d'emprisonnement ferme pour trafic de drogue, il est arrêté pour la cinquième fois. Pour un motif infiniment plus grave. En le pointant, les policiers du district de Derb Soltane-El Fida découvrent en effet qu'il fait l'objet d'une note de recherche depuis le mois de juin, pour une affaire de tentative d'homicide par immolation. Les faits remontent au mardi 13 juin. Saïd se réveille, sort de chez lui et rencontre son ami Soufiane. Ce dernier se prépare à aller à la plage. «Je peux t'accompagner ?», lui demande Saïd. Soufiane lui répond par la négative : il ne dispose que d'une petite somme d'argent, juste assez pour prendre un bus, aller-retour, acheter un sandwich et des cigarettes. Saïd a soudain très envie d'aller à la plage lui aussi. Il supplie donc Soufiane de l'emmener avec lui et de le prendre en charge. «Je n'ai vraiment pas de quoi te payer ne serait-ce qu'un bonbon», lui répond Soufiane. Mais la réponse déplait fortement à Saïd qui s'éclipse sans dire un mot. Soufiane s'imagine pour sa part que Saïd a compris la situation. et chasse la rencontre de son esprit. Quelques minutes plus tard, il voit revenir Saïd. Que veut-il donc ? Lui demander une fois encore de l'emmener avec lui à la plage ? Non. Planté devant lui, Saïd lui sourit étrangement avant de sortir de sous ses vêtements une bouteille remplie d'un liquide incolore : du diluant, un produit fortement inflammable. Sur le coup, Soufiane ne réalise pas. C'est alors que Saïd l'asperge du liquide avant d'allumer le feu. Transformé en torche vivante, Soufiane pousse des hurlements de douleur. Les voisins sont intervenus pour le sauver et appeler la protection civile et la police. Heureusement, Soufiane sera sauvé. Quant à Saïd, il a pris la fuite. Mais sa cavale sera interrompue par le vol à l'arrach d'une chaîne en or.