Réunie à Casablanca le 7 décembre 2006, l'Association des producteurs de banane du Maroc réclame, de nouveau, l'instauration des mesures de sauvegarde. Cinq ans après la mise en place de la DPI (Déclaration préalable à l'importation), les producteurs marocains de la banane réclament, de nouveau, des mesures de sauvegarde. Pour Mohamed Yahi, président de l'APROBA, «les affiliés de la fédération demandent à l'unanimité l'instauration d'une DPI de six mois pour limiter le danger». Ce cri d'alarme fait suite à ce que les producteurs considèrent comme des «importations massives », venues principalement de la Côte d'Ivoire et de certains pays d'Amérique latine. A ces problèmes conjoncturels, la bananeraie marocaine fait face aussi à des problèmes structurels liés au coût de la production. Avant l'année 2000, ce coût de la production à la ferme était de l'ordre de 4,75 DH/kg. Ce coût était engendré par trois facteurs essentiels, à savoir les frais financiers, les pertes en produit et les techniques inappropriées. Aujourd'hui, assure-t-on à l'APROBA, le prix de revient a été réajusté pour atteindre 3, 71 dirhams le kilogramme. Autre facteur handicapant, aux yeux des producteurs, l'absence d'encadrement légal dans le circuit de commercialisation. Le mode de la commercialisation et de la distribution des fruits et légumes n'est régi, dans le cadre actuel, par aucune réglementation en matière de contrôle de la qualité et de la sécurité des produits alimentaires d'origine agricole. A ce vide juridique, s'ajoute un ensemble de facteurs de blocage qui caractérisent le circuit de la commercialisation de la banane au Maroc en particulier et qui entravent la mise à niveau du secteur en aval. Il s'agit en particulier de la difficulté d'acquisition de stalles de vente au niveau des marchés de gros par des professionnels que ce soit à titre individuel ou dans le cadre des coopératives. L'insuffisance de la capacité de stockage au niveau des marchés de gros est décriée par tous les producteurs. Face à ces différents aléas, la banane marocaine voit ses marges de rentabilité rétrécir d'année en année. En effet, avec la limitation des importations en 2001, la marge bénéficiaire nette par kilogramme vendu au départ ferme s'est redressée , passant de 0, 5 à 1, 38 dirham/kg en 2004. Selon les producteurs, la courbe de ces marges a amorcé une tendance à la baisse sous l'effet, encore une fois, des importations massives. De là, à réclamer la mise en place des mesures de sauvegardes contenues dans l'article 19 des accords GATT, il n'y avait qu'un pas que les producteurs n' ont pas hésité à franchir.