Le débat transnational sur l'immigration a clos ses travaux hier en présence de plusieurs responsables gouvernementaux. Les ONG des MRE revendiquent une réelle représentation au Parlement. Les raisons, d'ordre technique, avancées par le gouvernement ne sont pas convaincantes. C'est l'un des principaux griefs formulés par les participants au débat transnational sur l'immigration marocaine, plus connu sous le nom "Al Monadara", organisé par un collectif regroupant des dizaines d'associations de MRE à l'étranger et un ensemble d'ONG locales et régionales et qui a clôturé ses travaux, hier à Rabat. Pour les associations de ce collectif, la "marche arrière" du gouvernement marocain est qualifiée d'"inacceptable" en ce qui concerne l'implication des Marocains de la diaspora dans le processus électoral. Lors de l'élaboration des projets de lois électorales, le gouvernement avait retenu la participation des MRE, mais à condition que ces derniers s'inscrivent, se portent candidats ou votent dans les communes d'origine de leurs parents, grands-parents (mais aussi là où ces derniers exercent une activité professionnelle ou commerciale). L'exécutif avait ainsi laissé tomber l'idée de circonscriptions à l'étranger évoquant des "problèmes d'ordre technique" et de logistique. Lors de la journée d'hier, les MRE troisième et dernier jour des travaux de ce débat auquel ont participé près de 600 personnes, les MRE revendiquent une "effective représentation" au niveau du Parlement et qui tranche avec les expériences suivies jusque-là. Nezha Chekrouni, ministre déléguée chargée des Marocains résidant à l'étranger, a affirmé, lors de cette troisième journée, que les études autour de cette représentation sont toujours à l'étude. Elle a également déclaré que le gouvernement ne cautionne, ni ne finance une quelconque amicale des MRE. Elle a fait cette déclaration en réponse à une proposition formulée par les congressistes pour "rompre avec les Amicales". Les participants à ce débat, organisé avec le soutien du CCDH (Conseil consultatif des droits de l'Homme), ont abordé d'autres aspects de l'immigration marocaine et dont les dysfonctionnements au niveau de l'application du nouveau Code de la famille, mais aussi les nécessaires améliorations qui devraient être apportées aux prestations des consulats marocains à l'étranger. Pour les participants à ce débat, le gouvernement devrait s'impliquer davantage au moment où l'étau se resserre autour de l'immigration légale : expulsions abusives, contrôle permanent... Pour "Al Monadara", le Maroc devrait aussi cesser de "faire le gendarme" pour le compte de l'Europe et sous la pression de cette dernière pour contrer l'immigration. "Al Monadara" était en préparation depuis un peu plus d'un an quand Sa Majesté le Roi avait annoncé la décision d'impliquer les Marocains expatriés à prendre part au processus électoral et la mise en place d'un Conseil supérieur de la communauté marocaine à l'étranger (CSCME). Ce débat à Rabat avait été précédé par plusieurs rencontres de coordination tenues dans les capitales des pays à fortes communautés marocaines (Paris, Amsterdam et Madrid, entre autres). Le CCDH, qui a hérité de la tâche de la mise en place du CSCME, a été critiqué pour le soutien apporté à "Al Monadara" par des ONG qui se sont estimées "marginalisées". C'est le cas, entre autres, de l'AMOME (Alliance mondiale des Marocains de l'étranger). Le CCDH avait indiqué qu'il n'est question d'exclure qui que ce soit surtout que le processus de consultation n'est qu'à ses débuts. "Al Monadara", une première dans le genre, a connu la participation de plusieurs membres du gouvernement et dont des responsables des ministères de l'Intérieur et de la Justice.