Les partis de gauche crient victoire au lendemain des concessions faites par la majorité gouvernementale concernant les projets de lois électorales. Ils maintiennent toutefois la pression pour l'annulation d'autres aspects jugés "discriminatoires". Les partis de gauche crient victoire au lendemain de l'adoption, en commission à la Chambre des représentants, des projets de lois électorales. Ils se félicitent surtout de l'abandon de la disposition obligeant les candidats des partis n'ayant pas eu 3% des voix en 2002 (et automatiquement ceux des nouveaux partis) à collecter un millier de signatures dont 10% chez les élus. La majorité, dans les amendements présentés de manière collective mercredi et adoptés tard dans la nuit de jeudi, s'en tient toujours à cette collecte de signatures, mais uniquement à raison de 100 (signatures de "simples" électeurs) pour chaque candidat. La majorité a également accepté de ramener de 7 à 6 % des voix le seuil nécessaire pour la participation à la répartition des voix. Interrogé par ALM, Mohamed Moujahid considère qu'il s'agit d'une "petite victoire " puisque, selon le secrétaire général du PSU (Parti socialiste unifié), «le caractère discriminatoire de ces projets de lois demeure». «Prendre toujours en considération le seuil de 3 % des voix de 2002 est une discrimination à l'égard des autres partis et il s'agit là d'un aspect anticonstitutionnel», affirme M. Moujahid qui ajoute qu'il y "plus grave et plus important". Le chef de file du PSU dit craindre que seuls quatre ou cinq partis puissent se partager les sièges de la liste nationale, théoriquement réservée aux femmes, et ce à cause du seuil de 6 % qui demeure, à l'en croire, assez élevé. «Cela reviendrait à pénaliser les secteurs féminins très actifs de plusieurs partis démocratiques», conclut-il. Même son de cloche chez Ali Boutouala, membre du secrétariat national du PADS (Parti de l'avant-garde démocratique et socialiste), qui déclare que les "amendements de la majorité sont positifs, mais insuffisants". «Nous sommes pour l'abolition de toutes les dispositions discriminatoires», précise ce responsable du PADS, parti qui a boudé le processus électoral depuis des décennies. Abdelkarim Benatiq, secrétaire général du Parti travailliste (nouvellement créé), parle, lui, de "sortie honorable" pour la majorité. «On a évité une crise politique dont le Maroc n'avait pas besoin et cela va nous permettre de nous attaquer à plus important : mobiliser les électeurs et lutter pour une transparence totale», ajoute M. Benatiq. Ce dernier affirme que le Maroc n'a aucun intérêt à "reproduire le 8 septembre 2006" avec une série de procès qui font figure, selon le patron du PT, de "leçon pour la majorité". Malgré les "acquis" arrachés jusque-là, les partis de gauche affirment qu'ils maintiennent les mouvements de protestation contre les projets de lois électorales. Après des sit-in devant le Parlement, le collectif créé à cet effet a décidé d'agir au niveau local et régional. C'est ainsi qu'un sit-in est programmé, le 29 novembre, devant la wilaya d'Agadir. Ce collectif comprend, outre un groupe d'ONG dont l'AMDH, plusieurs partis comme le PSU, le PADS, Annahj, le CNI (Congrès national ittihadi), mais aussi le PPS. Suite aux derniers amendements, le projet de loi 22-06 retient, entre autres, un seuil de 6 % des voix pour la répartition des sièges.