Le colloque sur la «Tariqa tijania», qui s'est ouvert, jeudi dernier, à Aïn Madhi (Sud de l'Algérie), s'est soldé hier par un cuisant échec. L'Algérie a « réussi » à faire l'unanimité contre elle. Comme le montre la vague de protestations suscitées par son colloque sur la «Tariqa tijania». Après avoir été boycotté par les délégations de plusieurs pays, dont le Maroc où est né le véritable chef spirituel de la «Tariqa», Cheïkh Ahmed Tijani, le colloque qui vient d'être clôturé à Aïn Madhi (sud de l'Algérie), a suscité de vifs remous au sein des adeptes de ce mouvement spirituel. L'organisateur de ce colloque, qui n'est autre que le ministère algérien des Affaires islamiques, a essuyé une vague de rebuffades de la part des adeptes et représentants de ce mouvement. La «surenchère» que les autorités algériennes voulaient draper sous l'habit académique de «colloque» a d'abord été démasquée par les représentants marocains de ce mouvement. Abdelaziz Benabdellah, moqadem de la zaouia tijania, avait déjà décliné l'invitation à cette manifestation destinée à nourrir le flou sur l'origine marocaine de Cheïkh Ahmed Tijani. En affirmant que ce colloque avait pour objectif de « renforcer les prétentions de l'Algérie concernant le Sahara qui a toujours été marocain », Abdelaziz Benabdellah, membre de l'Académie du Royaume, a précisé que le père spirituel de la «Tariqa tijania», Cheïkh Ahmed Tijani, est d'origine marocaine. «Cheïkh Ahmed Tijani est né en 1230 de l'Hégire à Aïn Madhi, c'est-à-dire à une période où cette localité située à 400 km au sud d'Alger appartenait à la dynastie des Saâdiens». Cela fait maintenant quatre siècles. Mais ce n'est pas de cette oreille que l'Algérie entend cette vérité. En prétendant en plus que Cheïkh Ahmed Tijani est enterré à Aïn Madhi, et non à Fès, lieu de pèlerinage annuel des adeptes de la Tariqa tijania, le pays voisin cherchait à brouiller les repères. «Celui qui est enterré à Aïn Madhi n'est pas Cheïkh Ahmed Tijani, mais son petit-fils Sidi Ahmed Ammor», tranche un autre adepte marocain de la «Tariqa tijania», Jamal Al Oufir. Une confusion sciemment orchestrée destinée à déplacer le véritable centre de pèlerinage de Fès vers Aïn Madhi en Algérie, au point que plusieurs adeptes issus notamment de l'Afrique subsaharienne allaient à Aïn Madhi, au lieu de se rendre à Fès où le chef spirituel de la Tariqa tijania est inhumé. L'Algérie s'est employée depuis longtemps à cultiver l'amalgame. Mais voilà, plusieurs chefs des grandes zaouias tijanias se sont élevés pour remettre les choses à leur place. Le doyen de la zaouia du Soudan, Ahmed Moussa Zine El Abidine, a appelé à « contrer les tentatives d'instrumentalisation des valeurs de la Tariqa tijania à des fins inavouées». Dans une lettre adressée aux partisans du mouvement au Soudan, il a rappelé que «l'unique Tariqa tijania est celle du Cheïkh Ahmed Tijani, qui est d'origine marocaine, de par son appartenance à la tribu Abda». Même son de cloche relevé chez le président du Centre islamique du Sénégal, qui a tenu à limiter la participation sénégalaise au seul volet spirituel, en affirmant «qu'elle ne saurait être comprise comme une caution politique». L'attitude méprisante des autorités algériennes en a rajouté à cette vague d'indignation. Lors de la clôture de ce «colloque», les représentants du ministère algérien des Affaires islamiques ont essayé de faire passer des recommandations qui «saluent» et «remercient» le pays-hôte pour «la parfaite organisation» qui, finalement, n'a pas été au rendez-vous. Ce qui a suscité l'ire des délégations participantes, au point qu'un représentant de la tariqa tijania a refusé de donner lecture aux «recommandations finales» du «colloque». Un véritable festival de ratages.