La Chambre des représentants a adopté en plénière, lundi 20 novembre 2006, le projet de loi prorogeant le monopole sur l'importation du tabac manufacturé. Ce décret prépare le terrain à l'introduction du tabac d'Orient. Le ministère des Finances et de la Privatisation a eu beaucoup de mal, lundi 20 novembre 2006, à convaincre les groupes parlementaires des bienfaits de la prorogation du monopole relatif à l'importation en gros des tabacs manufacturés. Celui-ci aura cours jusqu'en 2010, comme stipulé dans le decret-loi contrairement au monopole sur le tabac brut, abrogé en 2005. Pour Fatallah Oualalou, cette prorogation revêt une dimension sociale et économique puisqu'elle va dans le sens de la préservation des revenus des agriculteurs, de la création des postes d'emploi et de la protection de la santé des citoyens. Les détracteurs du projet s'interrogent eux, sur le sort de la loi relative à l'interdiction de fumer dans les lieux publics. En attendant, chez le groupe Altadis, principal industriel de tabac au Maroc, la ratification de ce décret –loi n° 2-06-386 du 28 juillet 2006 modifiant et complétant la loi 46-02 relative au régime des tabacs bruts et des tabacs manufacturés est plutôt bien accueillie. La démarche s'inscrit dans la convention globale signée en juillet dernier entre le groupe franco-espagnol et le Maroc. L'accord entre les deux partenaires, explique-t-on à Altadis, répond en grande partie aux problèmes nés avec l'évolution de la tabaculture. Le fait que le fumeur marocain boude les cigarettes brunes pour les blondes met en difficulté les 7500 emplois du secteur, plutôt producteur de brunes non demandées par le marché. Or, la loi qui régit ce secteur depuis 2003 avait institué, entre autres, une obligation de protéger cette activité. L'une des dispositions de cette loi obligeait les fabricants locaux à utiliser environ 20% du tabac cultivé localement dans leur process. Cette mesure protectrice, dénoncée par les Américains au moment des discussions des accords de libre-échange avec le Maroc, a été purement et simplement supprimée. Les cultivateurs devaient, depuis lors, se débrouiller pour écouler leurs productions. Quelques mois auront suffi pour convaincre le gouvernement à faire marche arrière. Un engagement a été conclu avec le groupe Altadis chargé, entre autres, d'apporter une assistance technique au secteur. La nouvelle politique en vigueur depuis juillet 2006 se propose d'amener la tabaculture marocaine à abandonner la production du tabac brun et d'adopter le tabac d'Orient, produit à plus forte valeur ajoutée, consommateur de main-d'œuvre et peu budgétivore. L'adoption de cette politique faisait suite à l'abandon par l'Union européenne de sa politique de soutien à la tabaculture. Selon les experts, la Grèce , premier producteur du tabac d'Orient devait connaître d'importances réductions des superficies cultivées. Altadis qui s'est engagé, à titre transitoire, à acheter la totalité de la production marocaine, s'est mis d'accord avec son Institut de Bergerac et le deuxième trader mondial AOI pour développer le tabac d'Orient au Maroc.