Le président de l'Association marocaine des droits de l'Homme, Abdelhamid Amine, se félicite du bilan de la semaine de protestation contre la vie chère, mais appelle toutes les composantes de la société à poursuivre l'action collective. Entretien. ALM : La coordination de lutte contre la hausse des prix, dont vous faites partie, a organisé du 2 au 8 octobre une semaine d'actions pour protester contre la série des hausses des prix. Quel bilan faites-vous de cette semaine de protestation ? Abdelhamid Amine : Le bureau central de l'Association s'est réuni dimanche 8 octobre dans le cadre de sa session ordinaire. A cette occasion, il a établi une première évaluation de la semaine d'action organisée par un ensemble d'ONG, de syndicats et de partis politiques, sous le signe de la protestation contre le renchérissement du coût de la vie. Pour nous, la semaine d'action a été un grand succès. Nous avons enregistré avec satisfaction l'appui des syndicats, des partis politiques et des ONG à ce mouvement de contestation. Nous saluons particulièrement le soutien de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme (OMDH) et de l'Association des barreaux du Maroc. Nous saluons également le rôle des médias dans la réussite des manifestations organisées dans ce cadre et qui en ont, d'une manière générale, établi des comptes rendus objectifs. En somme, le bilan des actions menées à travers les différentes villes du Royaume, est positif. Toutefois, nous condamnons et dénonçons fermement la réaction violente des pouvoirs publics qui ont réprimé certaines manifestations. Nous condamnons avec force le recours à la violence. En usant de la force, ils ont contrecarré la tenue des sit-in dans trois villes ; à savoir Agadir, Biougra et Rabat. A ce sujet, je note la réaction violente contre le sit-in, observé mercredi 4 octobre à Rabat devant le siège de Redal. Ce qui est plus indignant est l'intervention brutale des unités des Forces auxiliaires pour disperser les manifestants. Il y a eu beaucoup de blessés ce jour-là. Le gouvernement de Jettou a récemment fait baisser le prix des carburants à la pompe. Comment interprétez-vous cette décision ? Nous avons accueilli avec grande satisfaction cette décision, qui va dans le sens de notre objectif, en l'occurrence le retour à des prix plus raisonnables qui ne grèveraient pas le pouvoir d'achat des citoyens déjà mis à mal. Il s'agit du premier recul du gouvernement depuis 1981. C'est un résultat positif de notre action de protestation. Toutefois, cette mesure reste modeste, partielle et insuffisante. Nos revendications n'ont pas encore été satisfaites entièrement. L'augmentation des salaires et la baisse de la charge fiscale sont deux mesures nécessaires. Nous demandons à ce propos la baisse de l'impôt général sur le revenu (IGR). Nous demandons également l'application du code du travail. Prévoyez-vous l'organisation d'autres manifestations pour faire aboutir vos revendications ? Il est évident que nous allons poursuivre notre mouvement de protestation pour aboutir à des résultats meilleurs. On ne peut pas s'arrêter en si bon chemin. L'action collective doit continuer. Cette semaine sera ponctuée de sit-in et manifestations dans les villes qui se sont vu interdire l'organisation de telles initiatives.