Pour le secrétaire général de l'Union nationale marocaine du travail (UNMT), Mohamed Yatim, le gouvernement devra procéder à une augmentation des salaires pour compenser la récente flambée des prix. ALM : Le Premier ministre Driss Jettou a tenu récemment une série de réunions avec différents syndicats nationaux, dont l'UNMT, au sujet de la récente hausse des prix. Cette initiative a-t-elle donné lieu à des résultats concrets ? Mohamed Yatim : Les réunions du Premier ministre avec les syndicats s'inscrivent dans le cadre de la rentrée sociale, elles sont par conséquent routinières. Mais ces réunions coïncident cette fois avec la récente flambée des prix, ce qui a aggravé la question encore une fois. En ce qui concerne les résultats du dialogue social, le Premier ministre a affirmé lors des récentes réunions que le gouvernement examinait un projet de réforme des impôts qui pourrait toucher l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés en revisant à la baisse certains points et à la hausse le niveau minimum qui bénéficie d'une exonération d'impôt. Le Premier ministre a ajouté que le gouvernement était en train d'étudier les répercussions de cette réforme sur le Budget, considérant qu'il s'agit d'un geste symbolique qui concernera tous les citoyens. Le Premier ministre nous a, par la suite, donné rendez-vous dans deux semaines en vue d'exposer à ce sujet un projet de gouvernement. Quelles sont les revendications de votre syndicat au sujet de la hausse des prix ? Nous avons présenté au Premier ministre un mémorandum dans lequel nous avons exprimé notre indignation après les dernières hausses des prix, lesquelles ont suscité une vive colère au sein des milieux populaires. Par ailleurs, nous avons appelé le gouvernement à appliquer les mesures d'indexation et une politique énergétique qui ne serait pas basée seulement sur l'importation. Par la même occasion, nous avons demandé au gouvernement de procéder à l'augmentation des salaires, et en particulier le Smig, en vue de sauvegarder le pouvoir d'achat du citoyen, ainsi que le secteur de la consommation et l'économie marocaine plus généralement. Pour sa part, le Premier ministre a cherché à justifier les causes des récentes hausses du prix du sucre, en les liant aux augmentations enregistrées sur le plan international et aux charges de l'Etat au niveau de la compensation, arguant que lesdites charges passeront de 12 milliards et demi de dirhams en 2006 à 19 milliards dans le courant 2007 en ce qui concerne les carburants, alors qu'au niveau du gaz, les charges qui étaient d'1 milliard en 2003 passent à 6 milliards de dirhams.
La Primature est-elle favorable à l'augmentation du Smig ? Le Premier ministre a affirmé préférer une augmentation des salaires à une révision à la hausse du Smig, précisant que le maintien du niveau actuel de ce dernier permettra d'encourager l'intégration du marché de l'emploi et la stimulation de la compétitivité. Le Premier ministre a ajouté que le gouvernement a le choix entre l'augmentation des salaires et la révision de l'impôt général sur le revenu. Quels effets pourrait avoir la récente hausse des prix sur le niveau de vie des citoyens ? Le Maroc s'achemine-t-il réellement vers une crise sociale ? Les effets des dernières hausses sont très sévères pour les petites et moyennes couches sociales, d'autant plus que ces hausses coïncident avec la rentrée scolaire et le mois du Ramadan. Bien sûr, si le gouvernement ne prenait pas des mesures d'accompagnement, cela finira par susciter des tensions sociales. Dans ce cas, les syndicats auront la responsabilité d'encadrer les protestations et les revendications sociales pour ne pas se trouver dépassés et pour que la situation sociale ne soit pas utilisée à des fins non sociales ; la balle est aujourd'hui dans le camp du gouvernement.