Les deux chaînes de télévision nationale luttent autant que faire se peut pour que le public marocain ne soit pas privé des matchs de la CAN 2004, dont les droits ont été acquis par ART à travers «Sportfive» de Jean-Claude Darmon. Une affaire qui commence à prendre des tournures d'envergure. Les pourparlers continuent intensément à propos des droits de retransmission télévisée de la CAN 2004. Objectif : trouver une solution et permettre aux chaînes d'Etat d'avoir accès aux images moyennant des forfaits acceptables. Le Maroc se trouve au cœur de la mêlée dans cette affaire, et les responsables de la télévision marocaine se démêlent à fond pour avoir le droit d'accès aux matchs de la CAF, ou du moins à ceux de l'équipe nationale en plus de deux quarts de finale, d'une demi-finale et de la finale. Il est fini le temps de la gratuité. De nos jours, l'argent est devenu le maître mot, puisque le football lui-même en a fichtrement besoin. C'est la société « Sportfive» de Jean-Claude Darmon qui a acheté les droits de retransmission depuis 2002 pour une période allant jusqu'à 2008. En ce qui concerne les pays de l'Afrique subsaharienne, c'est l'Afrique du sud qui s'est octroyée les droits TV. Pour la société de J.C Darmon, le contrat englobe les matchs des coupes de la Ligue africaine en plus des quatre rendez-vous de la coupe d'Afrique des nations, monnayant une somme totale de 50 millions de dollars. Sur le plan commercial, la société en question a le droit de revendre ce qu'elle a acquis. C'est ce que «sportfive» a effectivement fait en négociant avec la chaîne satellitaire arabe ART. Désormais, cette dernière détient les clés de la retransmission des matchs en question pour les pays de la zone Nord de l'Afrique, dont en l'occurrence, le Maroc, l'Algérie, et l'Egypte. Les pays concernés ne sont pas prêts à remplir les conditions que compte imposer la chaîne détentrice des droits de retransmission. Du coup, les choses semblent bloquées, ce qui n'augure rien de bon pour l'avenir de la compétition en Afrique. Il est vrai que la CAN est devenue l'une des compétitions sportives les plus suivies, notamment au niveau du continent. Mais d'un autre côté, les coûts sont incompatibles avec les situations et les statuts des chaînes nationales. C'est la Confédération africaine de football qui se retrouve piégée en vendant uniquement les droits de TV. Des sources très sûres affirment que la CAF n'a aucun intérêt à ce que la retransmission des matchs de la CAN soit ainsi réduite. La CAF a toujours plaidé et continue de faire des efforts pour la propagation et la prospérité du football sur le continent, en divulguant et en vulgarisant toutes les compétitions d'ordre continental. La CAF tient également à ce que tous les matchs de la CAN soient retransmis. D'ailleurs les pertes seraient énormes si les télévisions des pays comme l'Egypte, l'Algérie et le Maroc se passent de ce rendez-vous. Il est à rappeler dans ce sens que certains pays arabes avaient conclu en 2002 un contrat leur autorisant la retransmission de l'édition de la CAN au Mali contre trois cent cinquante minutes de publicité et la coupe du monde 2002 en Asie contre mille deux cent cinquante minutes de pub. Ce qui privait les caisses des télévisions concernées des rendements de plusieurs espaces de pub. En revanche, affirme la même source, la vraie responsabilité incombe en réalité aux responsables de ces mêmes télévisions nationales. Pour quelles raisons attendent-ils la veille d'un tel événement pour parler de retransmission, sachant bien à l'avance qu'un tel rendez-vous est incontournable ? La chaîne française TF1 par exemple, quand elle avait négocié les droits de retransmission de la Coupe du monde 2002, elle n'a pas manqué de faire de même pour le Mondial prévu en Allemagne en 2006. Des années à l'avance, et non pas trois mois. En tout état de cause, les négociations sont en cours pour trouver une solution à cet état de choses qui risque d'avoir des effets néfastes sur la réputation de la CAF. Les téléspectateurs de l'Afrique du nord, dont les Marocains, ne sont pas tous initiés en matière des lois régissant les droits TV, les contrats de prédilection ou les processus de la revente de ces droits. Ils attendent cette manifestation, comme dans le passé, avec impatience pour voir évoluer leurs sélections, surtout que la qualification à la Coupe du monde passe désormais inévitablement par la CAF. Affaire à suivre.