Après de longues négociations, ART a refusé de céder les droits de retransmission TV aux deux chaînes nationales. L’offre de la chaîne arabe ne concernait pas le direct et ne comprenait qu’une retransmission différée de deux heures. Pourtant lors du dernier congrès de la CAF, le membre fédéral, Karim Alem, avait mis en garde contre les failles du contrat de cession des droits TV de la CAN. Il avait alors suggéré le rajout d’une clause permettant la retransmission des matches des sélections par leurs chaînes nationales. Les responsables du bouquet en mal d’aplomb en l’occurrence Al Awael, ont présenté des conditions inacceptables imposant notamment une diffusion en différé des rencontres de la CAN 2004 qui se déroulera en Tunisie. Les prix exorbitants imposés par ART sont connus de tous à présent. 500 000 dollars cash en plus de 100 000 dollars en publicité ou en nature pour diffuser les 32 matches avec un différé de huit heures. Inadmissible pour les responsables des deux chaînes de télévision marocaine. Dans un temps ultérieur, les échéances ont été revues à la baisse par la chaîne arabe. Une sorte de seconde proposition qui consiste en une retransmission différée de deux heures avec les mêmes clauses financières. Mais rien ne peut valoir le direct aux yeux des télévisions nationales. «Si on ne diffuse pas le sport en direct, cela ne sert absolument à rien», a déclaré un membre de la direction de la télé marocaine. La chaîne du milliardaire saoudien cheikh Saleh Kamel demeure ainsi la maîtresse de la situation. C’est la société « Sportfive » de Jean-Claude Darmon qui a acheté les droits de retransmission depuis 2002 pour une période allant jusqu’à 2008. Pour la société de J.C Darmon le contrat englobe les matchs des coupes de la Ligue africaine en plus des quatre rendez-vous de la Coupe d’Afrique des nations, monnayant une somme totale de 50 millions de dollars. Sur le plan commercial, la société en question a le droit de revendre ce qu’elle a acquis. C’est ce que «Sportfive» a effectivement fait en négociant avec la chaîne arabe ART. Désormais cette dernière détient les clés de la retransmission des matchs en question pour les pays de la zone Nord de l’Afrique, dont en l’occurrence, le Maroc, l’Algérie, et l’Egypte. Les pays concernés ne sont pas prêts à remplir les conditions que compte imposer la chaîne détentrice des droits de retransmission. Du coup, les choses sont bloquées jusqu’à nos jours. Ce qui n’augure rien de bon pour l’avenir de la compétition en Afrique. Il est vrai que la CAN est devenue l’une des compétitions sportives les plus suivies, notamment au niveau du continent. Serait-ce la raison qui a mis fin à la gratuité des matchs de la CAN ? La dernière CAN « gratuite » date de 2000. Mais d’un autre côté, les coûts sont incompatibles avec les situations et les statuts des chaînes nationales. Des coûts qui dépassent le budget annuel si l’on prend en considération la durée de la compétition et le nombre de matchs retransmis. C’est la Confédération africaine de football qui se retrouve piégée en vendant uniquement les droits de TV. Des sources très sûres affirment que la CAF n’a aucun intérêt à ce que la retransmission des matchs de la CAN soit ainsi réduite. La CAF a toujours plaidé et continue de faire des efforts pour la propagation et la prospérité du football sur le continent, en divulguant et en vulgarisant toutes les compétitions d’ordre continental. La CAF tient également à ce que tous les matchs de la CAN soient retransmis. D’ailleurs les pertes seraient énormes si les télévisions des pays comme l’Egypte, l’Algérie et le Maroc se passent de ce rendez-vous. Mais d’un autre côté, la même CAF a besoin d’argent pour subvenir aux besoins des fédérations africaines dont les équipes ou les sélections emportent des trophées. Seulement, le public marocain ne se sent nullement concerné par les lois qui régissent les droits TV, les contrats de prédilection ou les processus de la revente de ces droits. Les fans de football au Maroc comptent fort sur les chaînes nationales pour suivre l’évolution des Lions de l’Atlas dans une CAN qu’ils n’ont jamais ratée. Il faut dire que l’avidité d’un propriétaire de télé trouble souvent le rang de ses intérêts en le faisant courir à tant de choses à la fois que, pour désirer trop les moins importantes, il manque les plus considérables.