Sur les rayons des librairies, plusieurs manuels sont toujours absents. Les parents qui se sont lancés, depuis des semaines, à la quête des fournitures scolaires de leurs enfants en souffrent. A qui imputer ce retard ? Eclairage. Des manuels au compte-gouttes. Les parents qui se sont lancés, depuis des semaines déjà, à la quête des fournitures scolaires de leurs enfants en savent quelque chose. Après la rentrée scolaire, leur calvaire n'est pas près de se dissiper. Les manuels de la première année du baccalauréat, entre autres, restent toujours une denrée rare. «En ce moment, on ne dispose que de ceux de l'histoire - géographie et des sciences naturelles. Les autres, on les attend toujours», nous a précisé un employé de la librairie Kalila wa Dimna à Rabat. L'attente de ces manuels, nouveau-nés du programme d'enseignement 2006-2007, se prolonge donc. Mais pourquoi ? A la direction des Curricula du ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique, il ne s'agit là que d'une simple question de retard : «Il se peut que quelques délégués n'aient pas pu envoyer à temps la liste des livres aux maisons d'édition», estime Smaili Mohammadin, chef de division. D'après ce dernier, c'est après la sélection des manuels par les Académies et les délégations régionales que la liste des livres est dressée. Sur celle-ci, la quantité est précisée en accord avec les besoins des établissements scolaires de chaque Académie. «L'envoi des listes ne doit pas dépasser le délai du 5 septembre comme le stipule la note 124 du département afin que les livres soient disponibles dans les librairies en temps opportun», souligne ce responsable. En plus de cette note ministérielle, il existe, depuis près de quatre ans, une commission mixte qui s'est vue confier la tâche d'assurer la disponibilité des manuels partout au Maroc. Elle a pour rôle justement d'éviter tout manque en matière de manuels dans les librairies et d'alerter les éditeurs. Mais sur le tas, il semble que cette commission manque, elle aussi, d'informations puisqu'elle n'est pas avisée par les libraires. Raison pour laquelle, ces derniers sont également tenus pour responsables dans cette absence des manuels. «Les libraires se dirigent souvent vers les éditeurs lorsqu'il y a un manque quelconque de manuels. Pour chaque livre, il y a une maison d'édition et c'est pour cela que le processus aboutit à des retards inévitables», tient à préciser M. Smaili. Les libraires ont, en majorité, des contrats avec les éditeurs. «J'ai pris l'habitude, chaque année, de donner des chèques aux éditeurs pour qu'ils me fassent la livraison des livres scolaires. Mais, cela prend de plus en plus de temps depuis qu'il a été décidé que, pour chaque matière, il y aura différents manuels. La sélection ne se fait pas à temps et le libraire ne peut pas acheter différents livres pour chaque matière. C'est un gros investissement, vous savez !», confie le propriétaire d'une librairie, sise Moussa Ibnou Noussaïr à Casablanca. Budget annuel oblige, pour des marges de bénéfice allant de 7% à 15%, les propriétaires des librairies ne sont pas prêts à investir davantage. Et ce, même si ces manuels de première année du baccalauréat seront au programme des trois prochaines années. «Il n'y a pas d'autre moyen, à mon avis, que d'envoyer les listes des manuels sélectionnés dès le mois de juin. Il ne faut pas attendre septembre, sinon les retards persisteront chaque année. Le client ne comprend pas tout cela», estime ce libraire casablancais. • Leïla Hallaoui