Une bombe a explosé, mardi soir, dans un parc de Diyarbakir, la principale ville du sud-est du pays. L'attentat qui a fait au moins dix morts n'a pas été revendiqué. Mardi soir, la Turquie a connu son pire attentat depuis la série d'attaques revendiquée par al-Qaida en 2003 et qui avait coûté la vie à 63 personnes. Selon un premier bilan, dix personnes, dont sept enfants, ont été tuées. Au moins une quinzaine d'autres personnes ont été blessées. L'explosion a eu lieu près d'un arrêt de bus, situé dans un parc très fréquenté, à Diyarbakir, capitale non-officielle du Sud-Est turc, à majorité kurde. Une ville située à la frontière syrienne où l'on parle plus le kurde que le turc. Selon le bureau du gouverneur régional, un engin télécommandé dissimulé dans un thermos a explosé durant son transport. Cette même source a refusé de se prononcer sur la cible de l'attaque. Il pourrait s'agir d'un complexe abritant plusieurs unités de police, situé à un kilomètre de là. L'attentat n'a pas été revendiqué. Si les autorités locales refusent de s'avancer sur l'identité des auteurs présumés, tous les regards se tournent vers les groupes séparatistes kurdes, comme le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et un groupe rebelle présumé proche, les Faucons de libération du Kurdistan (Tak), très actifs dans la région. Depuis l'année dernière, leurs organisations ont revendiqué seize attentats de ce type. D'ailleurs, les enquêteurs ont pu déceler des points de similitude qui relient ce nouvel attentat avec ceux récemment perpétrés. Ces dernières semaines, une série d'attaques terroristes avaient été commises dans des stations balnéaires turques comme Antalya et Marmaris, ainsi qu'à Istanbul et dans d'autres villes du pays. Des attentats, qui ont fait douze morts et des dizaines de blessés, ont été revendiqués par le Tak. L'attentat de mardi a précédé de quelques heures l'arrivée à Ankara d'un envoyé spécial américain venu discuter des moyens de contrer cette rébellion. Le gouvernement turc reproche aux forces américaines de laisser les indépendantistes utiliser le nord de l'Irak comme base arrière pour leurs opérations en Turquie. Il y a quelques jours, la polémique en Irak sur le drapeau national a fait ressurgir en Turquie la hantise d'un état indépendant kurde à ses portes, un fait accompli qu'Ankara n'est pas prête à accepter. En effet, le pays d'Atatürk lutte depuis 1984 contre une rébellion séparatiste kurde dans le sud-est du pays. Il a toujours mal vu tout semblant d'indépendantisme des Kurdes irakiens, mais n'en a pas moins ouvert ses frontières en 1991 à des centaines de milliers de membres de cette minorité pour les protéger de la vengeance du président déchu Saddam Hussein. La Turquie a considéré le nord de l'Irak, jusqu'à son occupation par les Américains en 2003, comme son arrière-cour, car il échappait au contrôle de Bagdad, et y menait de fréquentes incursions afin de pourchasser les rebelles kurdes de Turquie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).