Le Maroc est de plus en plus visé par les pédophiles qui utilisent l'Internet pour leurrer les mineurs. C'est ce qui ressort du dernier rapport du CMF-MENA, un centre de recherche sur les médias basé à Londres. Le Centre for Media Freedom in the Middle East and North Africa (CMF-MENA), un centre de recherche sur les médias basé à Londres, vient de rendre public son rapport d'enquête sur " Les crimes de l'Internet et l'enfance au Maroc ». Ce document d'une trentaine de pages publié en langue arabe et qui se présente comme « un manuel pour la sensibilisation des enfants, parents et éducateurs", tire la sonnette d'alarme sur les crimes de l'Internet dont les victimes sont en majorité des mineurs. Basé sur les données d'une enquête réalisée auprès de 106 enfants de la ville de Casablanca, âgés de 10 à 17 ans, ce rapport définit cinq catégories de crimes liés aux nouvelles technologies de la communication dont l'exploitation sexuelle en ligne des enfants, la falsification, le vol ou la destruction des données informatisées et l'incitation des mineurs à des activités à caractère pornographique. A ce propos, l'auteur du rapport cite les grandes affaires qui ont éclaté ces deux dernières années au Maroc dont le scandale pornographique d'Agadir et l'affaire du directeur du théâtre Mogador à Paris, Jack-Henri Soumère, condamné à Marrakech à quatre mois de prison avec sursis pour incitation d'un mineur à la prostitution. Selon les résultats de l'enquête, plus des deux tiers des enfants interviewés déclarent avoir reçu des offres de voyages, des cadeaux ou des propositions de mariages via Internet de la part d'inconnus. Selon l'auteur du rapport, ces résultats sont inquiétants car les réseaux de criminalité et de prostitution utilisent ces moyens de séduction pour attirer leurs victimes. «Internet a connu un véritable essor dans le Royaume. Le nombre des utilisateurs de ce canal de communication a atteint en 2005 plus de 4,6 millions de personnes. Il est vrai qu'Internet est un important moyen de communication et d'échanges de données, toutefois, il est considéré comme un moyen d'éclosion de nouvelles formes de criminalité. Le Maroc est de plus en plus visé par les pédophiles qui utilisent l'Internet pour leurrer les enfants dans l'objectif de les exploiter sexuellement. Les cas enregistrés ces dernières années le prouvent», déclare Saïd Essoulami, directeur exécutif du CMF-MENA, qui tient à souligner «le manque de campagne nationale de sensibilisation des parents et des enfants aux dangers de l'Internet». Ce que le document de son centre confirme en notant que "l'action du gouvernement marocain est plutôt timide et ne concerne que l'aspect sécuritaire de l'Internet et non son volet éducatif". D'où le vœu des rédacteurs du rapport d'en faire le vecteur d'une série de conseils pratiques visant à sensibiliser les parents et les enfants sur l'usage sécurisé de l'Internet et de leur indiquer comment détecter et combattre les dangers que celui-ci peut induire. A ce propos, le CMF-MENA conseille aux parents de contrôler rigoureusement l'accès de leurs enfants à l'Internet en utilisant un système de filtrage des sites web. Le Centre leur conseille également de surveiller les changements de comportements de leurs enfants. Un enfant qui se recroqueville pour cacher son écran d'ordinateur est un signe d'alerte à ne pas ignorer.