Malika, dix-huit ans, n'a jamais pensé que son père en arriverait un jour à détruire sa vie en abusant d'elle. En djellaba verte et sandales noires, Malika est assise sur une chaise dans le bureau d'un officier de police à Casablanca. Sa belle-mère se tient à ses côtés. Elles sont seules dans le drame qui vient de les frapper. Malika sanglote, ne sachant à quel saint se vouer. Ce qui lui est arrivé dépasse son imagination. Elle a le sentiment que sa vie est anéantie. D'autant plus que le coupable n'est autre que son propre père. Il s'agit d'Ahmed, la quarantaine, qui ne s'est jamais vraiment soucié de sa fille, Malika, ni de ses trois frères et sœurs depuis son divorce d'avec leur mère il y a deux ans de cela. Malika n'hésitait pourtant pas à lui rendre visite de temps en temps, malgré son remariage. Elle ne souhaitait pas rompre sa relation avec son père alors que ce dernier s'efforçait à chaque fois de l'éviter lorsqu'elle venait lui rendre visite. Mais de fuite en dérobade de la part de ce père très peu affectueux, Malika avait fini par se lasser. Un jour, elle avait donc décidé de ne plus lui rendre visite et de se préoccuper de son fiancé. Le fiancé de Malika lui avait pour sa part promis monts et merveilles. Notamment la promesse de soutenir sa petite famille contre vents et marées, ce qui l'avait rendue folle de joie. Mais ce bonheur n'a pas duré longtemps. Voilà pourquoi : Quand sa mère lui a demandé de rendre visite à son père et lui annoncer la nouvelle de ses fiançailles, elle a oublié ses mauvais souvenirs. Elle a pris le bus pour se rendre chez son père. C'était un samedi soir. Malika comptait passer la nuit chez lui et retourner chez elle le lendemain matin. En arrivant, seul son père se trouvait à la maison, sa belle-mère était en voyage. Mais peu lui importait la présence de cette femme puisque cela lui permettrait de mieux profiter de son père bien-aimé. A partir de là, Malika revoit le film tragique des événements. Son père sort puis revient vers 22h. Il se rend dans sa chambre à coucher, puis invite Malika à l'y rejoindre. Ahmed lui demande alors de s'asseoir sur le lit, près de lui. Innocemment, Malika lui obéit en souriant. Soudain, le père se lève, verrouille la porte de la chambre et allume la petite télévision branchée sur une chaîne pornographique. Choquée, Malika en restée bouche-bée. Elle ne sait ni quoi dire ni quoi faire. Elle a tenté de se relever. Mais en vain. Son père la menace à présent d'un couteau en lui criant : «Sache que tu es ma belle-fille et non pas ma fille !». Malika a de la peine à croire ce qu'elle entend. Son père se jette alors sur elle. Elle tente de le repousser. Mais son père est le plus fort. Pour la mater, il la fouette à l'aide d'un tuyau en plastique, puis l'oblige à se déshabiller et enfin abuse d'elle monstrueusement. Le lendemain, au retour de la belle-mère, difficile pour Malika de lui cacher la gravité de son état. La belle-mère demande des explications. La réponse lui explose au visage… Tout d'abord, la pauvre femme refuse de croire sa belle-fille. Puis elle se dit que tout est possible en ce bas-monde et se tourne alors vers son mari pour en avoir le cœur net. Froidement, Ahmed nie. Il traite Malika de menteuse et l'accuse de chercher à l'envoyer en prison. Pourquoi donc ? «Elle veut venger sa mère que j'ai répudiée il y a dix ans», répond-il aux enquêteurs de la police et devant la cour de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. «Faux !», s'insurge Malika, devant la cour, avant de faire le récit de l'horrible soirée du viol, en sanglotant. Ahmed a finalement été reconnu coupable d'inceste et de viol et condamné à 10 ans de réclusion criminelle. Un châtiment exemplaire, qui ne réparera pourtant jamais la blessure psychologique de Malika et qui lui rendra encore moins son fiancé, qui s'est empressé d'abandonner la jeune femme.