En riposte à la publication des caricatures sur le Prophète, l'Iran expose plus de 200 caricatures sur l'Holocauste. Les condamnations ont commencé à fuser de partout. La capitale iranienne, Téhéran, abrite depuis lundi 14 août une exposition de caricatures consacrée au massacre des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus de “200 planches“ sont exposées aux visiteurs, retenues par un jury dans le cadre d'un concours international sur le génocide juif, lancé en février dernier par le célèbre quotidien Hamshahri Maison Iran caricature. Ces dessins ont été sélectionnés sur un total de 1.100 présentations provenant d'une soixantaine de pays, notamment de Turquie, d'Indonésie, d'Inde et même des Etats-Unis. Selon les organisateurs, cette exposition est une réplique aux caricatures danoises du Prophète Mohammed publiées dans les journaux européens en septembre 2005. «Nous avons ouvert cette exposition pour trouver où était la limite de la liberté d'expression chez les Occidentaux», souligne, dans une déclaration à l'agence AP, Massoud Shojai, directeur de la Maison Iran Caricature, qui a participé à l'organisation de l'exposition. «Ils peuvent écrire ce qu'ils veulent sur le Prophète, mais si quelqu'un exprime des doutes sur l'Holocauste, il est puni d'une amende ou envoyé en prison», a-t-il affirmé le jour du vernissage. L'inauguration de cet événement a été marquée par la présence d'une foule d'étudiants des arts qui avaient été conviés. Attirés par les annonces publicitaires télévisées, des visiteurs ont afflué ce jour-là. A l'entrée de l'exposition, une affiche montre trois casques allemands de la Seconde Guerre mondiale, l'un porte l'étoile de David, les deux autres la croix gammée nazie. A l'intérieur, la statue de la Liberté est représentée tenant un livre sur l'Holocauste et faisant le salut nazi. La plupart des planches reprennent le stéréotype du juif au nez crochu, très courant dans les caricatures de la presse nazie. Plus proche du parallèle fait par l'Iran entre la solution finale et le conflit israélo-palestinien, une caricature représente une croix gammée se transformant en étoile de David barbelée étranglant des Palestiniens, ou Adolf Hitler exhortant l'actuelle direction d'Israël à procéder à un holocauste. «Nous sommes préoccupés par les véritables holocaustes prenant place autour de nous», lance Massoud Shojai, en jugeant les comptes-rendus historiques sur la Shoah "exagérés". «Nous ne nions pas que des juifs aient été tués lors de la Seconde Guerre mondiale, mais pourquoi les Palestiniens devraient-ils en payer le prix ?», se demande-t-il. Les condamnations ne se sont pas fait attendre. Le Mémorial de l'Holocauste de Yad Vashem a demandé mardi à la communauté internationale de réagir à cette exposition. "L'exposition de caricatures sur l'Holocauste à Téhéran, en Iran, un pays qui veut se doter de capacités nucléaires et dont le président s'est prononcé pour un génocide d'Israël, doit mettre les voyants au rouge, non seulement pour Israël, mais pour toutes les nations éclairées", indique le communiqué du Mémorial érigé à la mémoire des six millions de juifs exterminés par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. De son côté, le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, a condamné, jeudi 17 août, la tenue à Téhéran de cette exposition de caricatures consacrées à l'Holocauste. Il a adressé une lettre à l'ambassadeur d'Iran en France dans laquelle il exprime son "inquiétude" et sa "consternation". Par ailleurs, les trois "meilleurs" dessins, désignés par un jury, seront récompensés par des primes de 5.000, 8.000 et 12.000 dollars.