Pour une fois que les fondamentaux macro-économiques sont bons, que la balance des paiements est assez solide, cette mauvaise donne énergétique risque de tout remettre en cause. Le Royaume peut encore tenir. Mais jusqu'à quand ? Les membres de la Commission interministérielle sur les prix, réunies mercredi 19 juillet, se sont quittés en fin de matinée sans parvenir à un accord sur la solution à adopter pour stopper l'hémorragie continue de la Caisse de compensation. Une hémorragie financière en raison principalement de l'envolée des prix du pétrole dont la dernière a été provoquée par la guerre au Proche-Orient. Selon Rachid Talbi Alami, ministre chargé des Affaires économiques et générales, chaque dollar de plus coûte à la Caisse la bagatelle de 400 millions de dirhams. Une folie. Consensus difficile pour ne pas dire impossible car les ministres siégeant dans cette commission envisagent chacun le problème selon les intérêts du secteur qu'ils représentent. Donc pas touche à l'équilibre de la Caisse ! Le département de l'Agriculture n'a pas envie de se mettre à dos plusieurs milliers d'agriculteurs qui utilisent le gazole dans leur activité, celui de l'Intérieur voit la question sous un angle purement sécuritaire, son collègue de l'Énergie et des Mines se préoccupe, quant à lui, de la sécurité de l'approvisionnement. Difficile dans ces conditions d'avoir un débat serein et réfléchi sur le dossier : à qui profite réellement le maintien en l'état de la Caisse de compensation ? Les petits ou les grands ? Touche-t-elle vraiment le consommateur-cible ? Seul le département des Finances, qui a une vision strictement comptable des choses, verrait d'un bon œil la suppression de cette maudite caisse qui saigne comme ce n'est pas permis le budget de la nation. A l'instar des pays non-producteurs de pétrole, le Maroc souffre. Et le gouvernement avec dont la politique trouve ses limites dans cette hausse perpétuelle des prix du baril ( 76 dollars actuellement, alors que la loi de Finances 2006 s'est basée sur un baril à 55). Pour une fois que les fondamentaux macro-économiques sont bons, que la balance des paiements est assez solide et que le pays est engagé dans une politique de grands travaux à sa dimension, cette mauvaise donne énergétique risque de tout remettre en cause. Le Royaume peut encore tenir. Mais jusqu'à quand ? Les pouvoirs publics, qui semblent démunis face à cette situation périlleuse, peinent sur un autre front. « Toute une gymnastique», nous explique M. Talbi Alami, «pour assurer l'approvisionnement du marché face parfois à la réticence des fournisseurs étrangers qui n'acceptent de travailler qu'avec les grands distributeurs réputés solvables installés localement». «On a beau leur proposer les lettres de crédit, la garantie de l'Etat et des banques, rien n'y fait», ajoute-t-il, visiblement éprouvé, tout en laissant enttendre qu'une troisième augumentation des prix à la pompe est inévitable.