Onze employés de la Casa de España, blessés lors des attentats du 16 mai 2003, ont reçu mardi 16 mai 2006 des indemnisations, versées par le fonds du travail. Des sommes jugées insuffisantes par les victimes. Mardi 16 mai 2006, Casablanca. Il y a trois ans, jour pour jour, des attentats terroristes sanglants, perpétrés dans la capitale économique, ont endeuillé tout le pays. Ces événements tragiques, faut-il le rappeler, ont fait une quarantaine de morts et plusieurs blessés, devenus inaptes et incapables de subvenir aux besoins de leurs familles. Onze personnes de ces rescapés, travaillant auparavant dans le restaurant Casa de España, où il y a eu lieu le plus grand nombre de victimes, ont reçu mardi après-midi des dédommagements pour le préjudice subi, lors d'une cérémonie de distribution de chèques d'indemnisation, tenue au siège de la wilaya du Grand Casablanca. Et c'est le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Mustapha Mansouri qui a procédé à la distribution de ces chèques d'indemnisation aux victimes. Cependant, ces derniers jugent le montant attribué insuffisant. "Les bénéficiaires recevront une indemnité journalière (forfaitaire et définitive) dont le montant varie entre 4500 et 80 000 dirhams. Ils bénéficieront également d'une rente trimestrielle à vie dont le montant minimal est de 400 dirhams par trimestre et 7500 dirhams au maximum. C'est très peu", explique M.Mahboub, l'ex-gérant de la Casa de España et vice-président de l'Association des victimes et des familles des victimes du 16 mai. Ces indemnisations seront versées par le fonds de garantie relevant de l'administration du fonds du travail sur la base de la décision du tribunal de première instance de Casablanca. Ce fonds, qui prévoit une clause d'indemnisation pour les personnes victimes d'événements particuliers, constitue l'unique alternative pour indemniser les rescapés des attentats de la mégapole. Des victimes auxquelles les assureurs avaient refusé toute indemnisation arguant que les attentats terroristes ne peuvent pas être considérés comme des accidents de travail. Selon M.Mahboub, qui a subi jusqu'à ce jour six opérations chirurgicales au niveau du visage et des hanches, "les indemnisations sont en deçà des attentes des victimes qui souffrent de séquelles graves". "Après trois ans d'attente et tout le mal qu'on a subi, on me donne une somme de moins de 5 000 dirhams. C'est dérisoire. J'ai une famille nombreuse à charge. À cause de mon infirmité, je ne peux pas travailler", déplore Mohamed El Mehdaoui, qui a tenu à souligner que "nous ne demandons pas la charité mais une juste et intégrale réparation du préjudice qu'on a subi. C'est notre droit". Le visage émacié et fatigué, cet homme dépendant de ses béquilles secoue la tête en signe de mécontentement. L'insatisfaction se lisait sur presque tous les visages. Aïcha Chakour, une femme trentenaire vêtue d'une djellaba noire, qui travaillait comme femme de ménage au restaurant la Casa de España, a visiblement du mal à parler. La jeune femme souffre toujours d'un profond traumatisme psychologique. "Je suis toujours hantée par cette funeste soirée du 16 mai 2003. Je fais des cauchemars. Je ne peux pas parler avec les gens", raconte la jeune femme, les mains tremblantes. D'autres victimes des attentats de Casablanca devront attendre encore le verdict du tribunal pour recevoir leur indemnisation.