Selon les statistiques rendues publiques par le ministère du Transport relatives aux accidents de la route, le nombre des tués a baissé de 7,11 % en 2005. La stratégie nationale de sécurité routière commence-t-elle à donner ses fruits ? Pur hasard du calendrier, c'est avant-hier, soit le 16 mai, que le ministère de l'Equipement et du Transport a rendu publiques les statistiques relatives aux accidents liés à la circulation routière survenus au Maroc durant l'année 2005. Il en ressort un bilan assez positif si l'on s'en tient aux chiffres communiqués par ledit ministère et découlant des données recueillies et traitées par l'une de ses divisions, à savoir la Direction des routes et de la circulation routière (DRCR). Ainsi, on apprend que l'année 2005 a enregistré 51.559 accidents corporels, soit une baisse quasi insignifiante de 0,25% (51.687 en 2004). Ces accidents ont fait 80.881 victimes dont 3.617 tués, 12.035 blessés graves et 65.229 autres légers. Des chiffres qui traduisent une diminution des «victimes de la route» par rapport à l'année 2004. La baisse la plus significative concerne le nombre de tués : de 3.894 à 3.617, soit 7,11% de moins par rapport à 2004 toujours. Autre diminution : celle du nombre de blessés graves qui est passé de 13.579 en 2004 à 12.035 l'an dernier. Une analyse encore plus détaillée, et toujours en comparaison par rapport aux statistiques de 2004, révèle que parmi les différentes catégories d'usagers de la route, ce sont ceux des voitures de tourisme qui occupent le peloton de tête des tués avec 1.211 victimes. Cependant, ce chiffre correspond à 15,20% de moins par rapport à celui relevé en 2004. Viennent ensuite les 1.125 piétons (-4,34%), puis les 259 utilisateurs de camions (-13,67%) et les 68 occupants d'autocars (-61,14%), tous morts sur nos routes en 2005. Mais tout n'est pas rose… Car le nombre des tués parmi les usagers des deux-roues, s'est accru de 17,82% en 2005, atteignant les 810 victimes. Autre analyse effectuée par le même département ministériel, la répartition de toutes ces données «accidentologiques» sur les 16 régions économiques du Royaume. Il en découle que 12 d'entre elles ont enregistré une tendance baissière, la plus importante étant celle de –57 tués dans la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (239 victimes en 2005 contre 296 en 2004). On retiendra aussi que les accidents survenus en agglomération correspondent à 74,97% du chiffre global enregistré en 2005 et à 36,25% du nombre des tués, avec 1.311 victimes, soit une augmentation de 4,05% par rapport à l'année 2004. Quoi qu'il en soit, ces chiffres traduisent une petite amélioration de la sécurité routière, même si le communiqué du Ministère de l'Equipement et du transport estime, lui, que l'analyse de ces données «permet de constater avec satisfaction la réalisation de l'objectif de baisse visé, avec une diminution de 3,08% du nombre de tués, ainsi qu'une amélioration globale des différents paramètres de sécurité routière…». En fait, «l'objectif visé» est celui fixé dans le cadre de la stratégie nationale de sécurité routière et notamment du Plan stratégique intégré d'urgence (PSIU) mis en œuvre depuis avril 2004. Un plan arrivé à mi-parcours (lire encadré) qui a pour principal objectif l'inversion de la tendance à la hausse du nombre annuel de tués sur routes, qui progressait de 4,7% en moyenne depuis 1996. Qu'est-ce que le Plan stratégique intégré d'urgence (PSIU) ? Parce que les routes marocaines sont parmi les plus meurtrières au monde, du fait des accidents de la circulation, les pouvoirs publics concernés ont décidé de coordonner leurs efforts et de mettre en place une stratégie plus efficace pour remédier à ce fléau. C'est ainsi que le Plan stratégique intégré d'urgence (PSIU) est né, préparé par le ministère de l'Equipement et du Transport en concertation avec d'autres départements. Lancé en avril 2004, le PSIU est un plan triennal qui s'articule autour de sept axes liés aux causes et aux moyens de prévention : la gestion coordonnée de la sécurité routière ; une législation claire et moderne ; un contrôle efficace et crédible et des sanctions exécutables ; une meilleure formation des conducteurs ; une infrastructure routière et des voiries urbaines à niveau ; des services de secours disponibles et rapides et enfin des opérations d'information et d'éducation ciblées, pertinentes et permanentes. Son objectif : stabiliser et asseoir les bases solides d'une baisse continue du nombre de victimes d'accidents. Pour cela, le PSIU peut compter sur quatre atouts majeurs quant à son efficacité, à savoir : un leadership gouvernemental fort ; une coordination générale basée sur la mobilisation et l'adhésion ; le lancement d'actions volontaristes (contrôle, sanctions, formation des conducteurs…) et enfin, un suivi et une évaluation permanente des actions mises en œuvre.