- Les accidents de la route coûtent aux pays pauvres jusqu'à 5 % de leur produit intérieur brut (PIB). - Au Maroc, en 2009, le bilan, présenté par Karim Ghellab, est de 4000 morts, en hausse de 6% par rapport à la moyenne des 5 dernières années. -Selon l'OMS, 90 % des 1,3 million de personnes tuées chaque année sur les routes sont issues du Tiers monde. Selon le dernier bilan rendu public, la route a tué encore plus de Marocains cette année et comme le nombre d'accidents est fonction du parc automobile, on peut pronostiquer que l'hécatombe va continuer. En 2009, le bilan, présenté par M. Karim Ghellab, ministre des Transports, est de 4000 morts, un chiffre en hausse de 6% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Il en va de même du nombre d'accidents : 70000 accidents, soit une hausse de 18,5 % ! Le plus grand nombre d'accidents a lieu entre mai et août, le mois de juillet, qui coïncide avec le retour des MRE au Maroc, est le plus meurtrier. Mais nous ne sommes pas les seuls concernés : la mortalité routière augmente partout dans le monde, mais beaucoup plus dans les pays pauvres ou émergents ; l'Algérie, par exemple, a enregistré, en 2009, 4300 morts et 60000 blessés. Face à cette hécatombe qui est un problème de santé publique mondiale, l'OMS a pris conscience du danger et a préparé un plan, à Genève, qu'elle présentera, en mars, à l'Assemblée générale des Nations Unies. Ce plan s'inscrit dans la suite de la première conférence ministérielle mondiale sur le sujet, qui s'est tenue à Moscou, les 19 et 20 novembre 2009. Les représentants de 140 pays y ont reconnu la violence routière comme un défi de santé publique et un frein au développement. Si la mortalité routière n'est pas combattue, la route tuera 2,4 millions de personnes par an en 2030. Le plan qui sera présenté à l'Assemblée générale de l'ONU a pour objectif de sauver cinq millions de vies en dix ans. L'ONU pourrait décréter alors, sur la base de ce plan, une «décennie de la sécurité routière», avec pour objectif de diviser par deux le nombre de tués sur les routes. L'analyse statistique révèle que la cause principale de ce fléau des temps modernes, consiste en une motorisation rapide et anarchique des pays pauvres. Selon l'OMS, 90 % des 1,3 million de personnes tuées chaque année dans des accidents de la circulation se produisent dans le monde en développement. Si la mortalité routière n'est pas combattue, la route tuera 2,4 millions de personnes par an en 2030. Pour limiter l'hécatombe, le plan onusien de lutte contre la mortalité routière mise sur la pédagogie au lieu d'exigences chiffrées et d'engagements contraignants. «L'idéal aurait été de fixer directement des objectifs de baisse de la mortalité. Mais dans de nombreux pays, nous n'avons pas d'idée exacte du nombre de décès», observe Etienne Krug, le directeur de la Prévention de la violence et des traumatismes à l'OMS. «Nous allons donc définir des objectifs d'amélioration des règles nationales et de leur mise en oeuvre.» Beaucoup reste à faire. Selon l'OMS, «peu de pays disposent d'une législation globale et bien appliquée» en matière de limitation de la vitesse en ville à 50 km/h, du taux légal d'alcoolémie à 0,05 gramme par décilitre de sang, de port obligatoire du casque ou de ceintures de sécurité, d'installation de sièges pour enfants. .La mortalité routière coûte aux pays pauvres jusqu'à 5 % de leur produit intérieur brut (PIB). Ils privent les familles des victimes de revenus, pèsent sur des systèmes de santé fragiles. Selon la Banque mondiale, les pertes économiques dues aux accidents de la route dans les pays du Sud sont estimées entre 65 milliards et 100 milliards de dollars (45 à 69 milliards d'euros) – plus que la totalité de l'aide au développement. Face à ce gâchis, l'aide internationale consacrée à la sécurité routière dans les pays pauvres plafonne à 12 millions de dollars par an. Les agences de développement commencent à peine à se préoccuper de la question. «C'est pourtant un investissement très payant, analyse M. Krug. Pour chaque euro investi dans un programme de port du casque ou de la ceinture, on économise entre 10 et 20 euros en dépenses de santé ou d'investigations liées aux accidents.» Peut-on faire davantage ? Les acteurs de la sécurité routière appellent les banques de développement, qui consacrent plus de 4 milliards de dollars par an à des projets d'infrastructure routière, à réserver 10 % de ces dépenses à la sécurité : faute d'aménagements élémentaires, jusqu'à 80 % des tués sur la route sont des piétons ou des conducteurs de deux-roues.