Azeddine Lakhouaja est de nouveau libre après avoir payé une somme d'argent modique en guise de caution alors qu'il est accusé d'avoir détourné la bagatelle de 150 millions DH. Le feuilleton de l'hôtel Palais des Roses d'Agadir continue de plus belle. Protagoniste principal d'un conflit qui dure depuis environ trois ans sur fond de rebondissements kafkaïens, Azeddine Lakhouaja a, semble-t-il, “les clés de la prison où il entre et sort à sa guise», selon la formule ironique d'un observateur avisé des soubresauts du dossier. Le voilà, en effet, de nouveau remis en liberté après avoir été incarcéré à deux reprises. La première fois contre une caution de 10.000 DH et la seconde contre une caution de 100.000 DH, alors qu'il est accusé par le groupe Dallah Al Baraka d'avoir détourné la bagatelle de 150 millions DH des caisses de l'hôtel de la discorde. Des malversations opérées via une société écran basée au Luxembourg du nom de Delta Overseas et une enseigne créée par l'intéressé, Hélios, et à laquelle il a octroyé sans l'accord des actionnaires la location du Palais des Roses après avoir pris le soin de virer dans des conditions sujettes à caution le locataire initial Dorint International. Sans oublier la thalassothérapie qu'il continue à exploiter à travers la société Vital Center, alors que les fruits de cette activité doivent revenir, en toute logique, à la société propriétaire de l'hôtel éponyme. Tout porte à croire que les actes du M. Lakhouaja étaient prémédités. Il apparaît qu'il n'était pas, depuis le début, dans une logique de partenariat sincère avec son ex-associé Cheikh Salah Kamel qui regrette profondément de lui avoir fait confiance. Comment dans ces conditions rassurer les investisseurs étrangers à un moment où le Maroc déploie des trésors d'énergie pour les attirer ? En dépit de toutes les charges qui pèsent sur lui, Azeddine Lakhouaja continue bizarrement à avoir du ressort. Dernier acte judiciaire en sa faveur, la Cour d'Appel de commerce de Marrakech a contre toute attente cassé, le 19 juillet 2005, la décision d'expulsion de Lakhouaja et de Hélios. Argument mis en avant : le juge des référés du tribunal de commerce d'Agadir, qui a ordonné l'expulsion pour non-paiement du loyer dû à l'établissement hôtelier, a été déclaré incompétent sur la seule base d'une lettre-témoignage de Lakhouaja attestant que Hélios a réglé les loyers ! Incroyable mais vrai. La justice est appelée à exercer ses prérogatives pour statuer sur la procédure en cours relative au redressement judiciaire de l'hôtel Palais des Roses. Il s'agit, en fin de compte, de sauvegarder une entreprise (activité et emplois) qui compte parmi les fleurons de l'hôtellerie nationale et de rétablir les victimes de Lakhouaja dans leurs droits. Cette affaire rocambolesque n'a que trop duré.