L'Association des professionnels du sable et la Fédération de l'industrie des matériaux de construction viennent de proposer une série de mesures pour faire face à la dégradation du littoral. Proscrire toute nouvelle exploitation du sable des plages et des dunes littorales, exiger une étude d'impacts pour tous les sites d'exploitation existants et promouvoir des solutions alternatives etc. Telles sont les grandes lignes des propositions communes présentées dans un rapport de dix pages par l'Association des professionnels du sable et la Fédération de l'industrie des matériaux de construction. Les différents aspects posés par l'exploitation abusive du cordon dunaire ont fait récemment l'objet d'une réunion d'un comité interministériel chargé de la question. La mission de cette commission est de proposer au Premier ministre des solutions permettant de sauvegarder les écosystèmes littoraux, sans pour autant pénaliser le secteur du bâtiment et de la construction. Un exercice plutôt difficile compte tenu des besoins croissants du sable. La consommation du Royaume, de 15 millions de m3 en 2005, devrait doubler en 2015. Cette croissance laisse craindre le pire. D'autant que, selon les membres de l'Association, le cadre légal actuel reste assez flou. Ainsi, le Dahir du 5 mai 1914 ne fixe aucune disposition relative aux conditions d'extraction et à la durée des exploitations. De même la lourdeur de la législation qui soumet toute exploitation des carrières à l'existence des schémas de gestion de carrières, prenant compte des impératifs de la protection de l'environnement et des ressources naturelles, ne rend pas aisée son application dans les faits. Cette disposition complexe est, aux yeux des professionnels, un frein qui favoriserait la prospérité de l'informel. D'autre part, si l'exploitation des carrières est subordonnée à l'obtention d'une autorisation d'exploitation pour une durée de 20 à 30 ans, aucune construction ne concerne les carrières sous le lit d'un cours d'eau, d'un lac, ou dans la mer. Côté fisc, une redevance domaniale de 10 dirhams par m3 est exigée de l'exploitant, ainsi que des droits d'accès supplémentaires, perçus lors des appels d'offres. Une série de redevances et de taxes, complètent le dispositif. Dispositions théoriques vu le niveau de l'informel et le non-respect de la législation. Actuellement, 80% de la consommation nationale en sable provient du sable de dragage et des cordons de dunes. Cette dégradation ira en s'accentuant, avertissent les professionnels. Déjà, les plages Chlihet à Kénitra, Houara et Ghandori à Tanger en ont payé un lourd tribut. Cette détérioration du littoral affecte aussi la zone de Casablanca. C'est ainsi que des lagunes bordières ont pu voir le jour dans cette zone. Des crevasses impressionnantes ont été détectées le long du littoral de Kénitra et d'El Jadida. L'APS recommande la solution du sable de dragage et de concassage en lieu et place du sable des plages. «C'est la seule alternative pour protéger les plages et les dunes du littoral ainsi que pour réparer les dégradations subies», indique le rapport. Reste au comité ministériel de statuer.