Tanger et Marrakech abriteront les premiers centres d'accueil des immigrés mineurs marocains rapatriés de l'Espagne. Un protocole a été signé lundi 3 avril dans ce sens entre Rabat et Madrid. Le gouvernement autonome de Madrid et l'Entraide nationale ont signé, lundi 3 avril, un protocole portant sur la création, sur le sol marocain, de deux centres qui accueilleront les immigrés marocains mineurs non-accompagnés rapatriés de l'Espagne. Les sites de ces centres se situeront à Tanger où le phénomène de l'immigration clandestine prend de plus en plus d'ampleur, et à Marrakech. Le budget total de l'opération s'élève à 3 millions d'euros. En vertu de la convention signée dans la capitale espagnole, par le directeur de l'Entraide nationale, Mohamed Talbi, et la conseillère à l'immigration du gouvernement autonome de Madrid, Lucia Figar, la partie espagnole assurera une contribution financière à hauteur de 80 % du budget total du projet alors que la partie marocaine fournira les 20 % restants sous forme de lots de terrain, devant abriter les centres et d'équipements. Rappelons que le Maroc avait auparavant refusé d'abriter ce genre d'espaces d'accueil faute de moyens financiers. Le Royaume aurait-il enfin cédé aux pressions de l'Espagne ? "Cet accord s'inscrit dans la continuité d'actions conjointes déjà entreprises entre le Maroc et l'Espagne. Il s'agit tout simplement de la mise en œuvre des décisions prises lors des réunions du Comité maroco-espagnol, qui se tiennent d'une manière régulière", rétorque Mohamed Talbi, directeur général de l'Entraide nationale qui a tenu à souligner que " la procédure de rapatriement des mineurs en situation irrégulière en Espagne n'est pas aussi simple. Il faut d'abord que ces jeunes soient identifiés comme étant de nationalité marocaine et qu'ils expriment leur désir de retourner au pays". Selon M.Talbi, la création de ces deux centres s'inscrit dans le cadre d'un projet lancé par le gouvernement autonome de Madrid pour "l'accompagnement et l'amélioration des conditions d'accueil et de protection des mineurs marocains en provenance du territoire de la communauté de Madrid". Ces établissements ambitionnent de former et les jeunes mineurs et de faciliter leur réinsertion sociale dans leur pays natal. " Après leur retour au pays, ces jeunes vont soit être réintégrés dans leur famille, soit pris en charge complètement par le centre ", explique M. Talbi. À la question de savoir si le Maroc dispose des moyens nécessaires pour prendre en charge ces jeunes après leur rapatriement, le directeur de l'Entraide nationale répond : "Oui, le Maroc est actuellement doté d'une stratégie nationale qui est l'INDH. Celle-ci permettra à long terme le développement social de chaque région du Maroc". En outre, les centres bénéficieront également aux jeunes non scolarisés et aux enfants abandonnés ou issus de familles pauvres de la population de la région. "Madrid est consciente que la prévention est le meilleur moyen pour lutter contre l'immigration clandestine des mineurs. La création de ces centres va dans ce sens. La formation des jeunes de la région va leur permettre de trouver un emploi et de rester ainsi au pays", ajoute M.Talbi. Par ailleurs, le centre de Tanger entrera en service durant le premier trimestre 2007, alors que celui de Marrakech fin 2007. Subventionné par l'Union européenne et les fonds d'aide au développement, ce projet bénéficie de l'appui de l'association Paideia. Cette dernière assurera la gestion des travaux de construction et de réaménagement des centres alors que l'Entraide nationale assurera la direction des centres. Par ailleurs, durant l'année 2005, la communauté autonome de Madrid a accueilli quelque 350 mineurs marocains non-accompagnés, dont 17 ont été rapatriés au Maroc, alors que 18 autres ont été rapatriés durant les trois premiers mois de l'année en cours. En somme, les autorités espagnoles moyennant finances ont sous-traité un casse-tête sur tous les plans à leurs homologues marocaines. Celles-ci ont-elles vraiment les moyens de gérer convenablement un problème aussi complexe que celui des mineurs ? L'avenir le dira.