Le montant des capitaux algériens illégalement transférés chaque année dans les banques étrangères avoisine 500 millions de dollars. La majeure partie de cet argent provient d'activités illicites. Un proverbe malinké dit que quand la fraude a construit une maison, elle l'a détruite. C'est hélas le cas de l'Algérie, un vaste pays très riche en ressources pétrolières, dont la population est frappée par un chômage élevé. Un pays où le taux de pauvreté atteint des seuils vertigineux et où le malaise social continue à enflammer les villes et à causer des émeutes qui ne cessent de pendre de l'ampleur. Djilali Hadjadj, porte-parole de la section algérienne de «Transparency International» a récemment révélé à l'hebdomadaire «Jeune Afrique» que le montant des capitaux algériens illégalement transférés chaque année dans les banques étrangères avoisine 500 millions de dollars. Un vrai pactole ! Où va donc cet argent ? Et bien, ces sommes colossales, dont le peuple algérien en a fortement besoin, atterrissent principalement en Suisse, Luxembourg, Liechtenstein ou encore dans certaines îles britanniques. Ce sont là les destinations favorites des fraudeurs, indique Djilali Hadjadj. Mais le pire dans l'histoire, c'est qu'une grande partie de l'argent provient des activités illicites, voire mafieuses. Chose qui témoigne de l'atmosphère obscure qui règne sur la sphère économique algérienne. «Une bonne partie de ces sommes provient de détournements de fonds dans les banques publiques, de la contrebande de cigarettes, du trafic de drogue, du racket pratiqué par les groupes islamistes armés et de commissions occultes prélevées lors de la passation de gros marchés publics», remarque M. Hadjadj. Dans son rapport édité en 2006, «Transparency International» a affirmé que la corruption demeure l'obstacle principal qui entrave l'investissement direct étranger en Algérie. Malgré l'engagement officiel des autorités algériennes à éradiquer ce phénomène, qui porte atteinte à l'économie nationale, les choses évoluent à un rythme très lent, avait souligné le rapport. Le document avait essentiellement reproché aux autorités algériennes le manque de transparence dans la gestion de la sphère économique, mais aussi la rétention de l'information qui rend dans plusieurs cas, impossibles les investigations de la presse. L'indice de corruption de l'Organisation «Transparency Internationale», basée à Berlin, pour 2005, a révélé que l'Algérie avait obtenu la note de 2.8 sur 10 contre 2.6 en 2003, et 2.7 en 2004, classant l'Algérie parmi les pays où la corruption atteint des niveaux élevés. Il est à noter que la limite est de 4 sur 10, et l'Algérie occupe ainsi la 97ème position, mondialement, en matière de corruption, parmi 159 pays. Le classement de l'Algérie révèle le degré de corruption et de commissions dans les administrations publiques et différents organismes. Il est à noter que l'Algérie a dissous des organismes consultatifs, comme l'Observatoire national pour la lutte contre la corruption, et neutralisé d'autres tel le Conseil de comptabilité, outre le fait qu'elle n'ait pas ratifié les conventions africaines pour la lutte contre la corruption. Rappelons aussi que les députés du Front de libération nationale (FLN) et du Mouvement pour la société de la paix (MSP) avaient rejeté en janvier dernier un article d'un projet de loi relatif à la lutte contre la corruption qui oblige les parlementaires à déclarer leur patrimoine. Pour que la loi passe, il a fallu amputer l'article en question.