Le gouvernement espagnol a annoncé mercredi qu'il compte mettre à la disposition des autorités mauritaniennes des patrouilleurs pour contrôler les côtes de la Mauritanie et empêcher la sortie d'embarcations transportant des immigrants clandestins vers les îles Canaries. Au terme d'une réunion ministérielle destinée à examiner la situation aux îles Canaries après l'arrivée massive de clandestins subsahariens à l'archipel, le gouvernement a indiqué qu'il prévoit construire des centres d'accueil des immigrés qui seront gérés par des ONG et où les immigrés "seront traités en toute dignité". Ont pris part à cette réunion, la vice-présidente du gouvernement, Maria Teresa Fernandez de la Vega, les ministres des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, de l'Intérieur, José Antonio Alonso, du Travail et des Affaires sociales, Jesus Caldera, ainsi que le secrétaire d'Etat à la Défense, Francisco Pardo. Le gouvernement a décidé de mettre en oeuvre un "Plan urgent de coopération avec la Mauritanie", suite à la situation générée par l'arrivée d'un grand nombre d'immigrants subsahariens aux îles Canaries en provenance des côtes mauritaniennes. Durant la seule journée de mardi, neuf embarcations de fortune ont débarqué sur les côtes des Canaries quelque 331 immigrants subsahariens, dans la plus grande avalanche de clandestins dans l'histoire de l'archipel. Les secrétaires d'Etat espagnols aux Affaires étrangères et à la Sécurité, Bernardino Leon et Antonio Camacho, se rendront jeudi à Nouakchott pour examiner avec les autorités mauritaniennes les moyens et mécanismes pour répondre à l'avalanche sans précédent d'immigrés subsahariens. Le gouvernement espagnol discutera aussi avec les autorités de Nouakchott de la possibilité de réactiver l'accord de réadmission des immigrés illégaux, signé par les deux pays en juillet 2003, assurant que ledit accord sera appliqué dans le respect total de la sécurité et des droits des immigrants. Le gouvernement espagnol a, par ailleurs, décidé d'ouvrir les installations militaires aux Iles Canaries pour accueillir les centaines d'immigrés clandestins arrivés ces derniers jours aux côtes canariennes. Le ministre de l'intérieur, José Bono, a indiqué que cette décision a été prise "pour des raisons humanitaires", assurant par la même occasion que l'armée espagnole ne sera pas impliquée dans la répression des mafias qui acheminent des immigrants clandestins vers les Iles Canaries. Intervenant mardi devant le parlement, le ministre espagnol des Affaires Etrangères, Miguel Angel Moratinos, a expliqué l'aggravation de la pression migratoire sur les Iles Canaries à partir des côtes mauritaniennes par l'efficacité du contrôle exercé par les forces de sécurité marocaines sur les côtes sahariennes. Tout en jugeant "exagérées" les estimations qui chiffrent à 500.000 le nombre de Subsahariens qui attendent en Mauritanie l'opportunité d'embarquer clandestinement vers les Iles Canaries, le ministre s'est dit optimiste quant à la possibilité de trouver "une solution satisfaisante'' à cette situation à très court terme.