Les gouvernements espagnol et mauritanien ont convenu jeudi de mettre en place une commission mixte chargée de trouver des solutions aux problèmes générés par l'avalanche des immigrants subsahariens qui quittent clandestinement les côtes de la Mauritanie à bord d'embarcations de fortune vers les Iles Canaries, a-t-on appris vendredi de source officielle espagnole. La première réunion de cette commission est prévue aux Iles Canaries, débordées ces derniers jours par une vague sans précédent d'immigrants subsahariens, a-t-on précisé de même source. La date de cette réunion n'a pas encore été fixée. Cette décision a été prise au cours d'une visite en Mauritanie des secrétaires d'Etat espagnols aux Affaires étrangères, Bernardino Leon, et à l'Intérieur, Antonio Camacho, qui se sont entretenus à Nouakchott avec les responsables mauritaniens des moyens de freiner les avalanches des immigrants clandestins subsahariens. Les deux ministres espagnols ont eu à Nouakchott des entretiens avec le Colonel Ely Ould Mohamed Vall, chef d'Etat et président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), ainsi qu'avec plusieurs membres de son cabinet. MM. Leon et Camacho ont présenté aux responsables mauritaniens le "Plan urgent de coopération avec la Mauritanie" approuvé par le gouvernement espagnol, avant de se rendre à Nouadhibou d'où partent la grande majorité des embarcations qui transportent des immigrants subsahariens vers les Iles Canaries. Ils ont aussi discuté aussi avec leurs interlocuteurs mauritaniens de la réactivation de l'accord de réadmission des immigrés illégaux, signé par les deux pays en juillet 2003. Madrid avait assuré que ledit accord sera appliqué dans le respect total de la sécurité et des droits des immigrants. Les autorités mauritaniennes ont présenté à la délégation espagnole, composée aussi de plusieurs responsables du gouvernement autonome canarien, les besoins du pays pour faire face à la situation humanitaire générée par l'afflux massif d'immigrants subsahariens, dont des milliers attendent à Nouadhibou l'opportunité d'embarquer vers l'archipel des Canaries. Mercredi dernier, le gouvernement espagnol avait annoncé qu'il compte mettre à la disposition des autorités mauritaniennes des patrouilleurs pour contrôler les côtes de la Mauritanie et empêcher la sortie d'embarcations transportant des immigrants clandestins vers les îles Canaries. Au terme d'une réunion ministérielle destinée à examiner la situation aux îles Canaries après l'arrivée massive de clandestins subsahariens à l'archipel, le gouvernement a indiqué qu'il prévoit aussi de construire en Mauritanie des centres d'accueil des immigrés qui seront gérés par des ONG et où les immigrés "seront traités en toute dignité". Le gouvernement espagnol a, par ailleurs, décidé d'ouvrir les installations militaires aux Iles Canaries pour accueillir les centaines d'immigrés clandestins arrivés ces derniers jours aux côtes canariennes. Durant la seule journée de mardi, neuf embarcations de fortune ont débarqué sur les côtes des Canaries quelque 331 immigrants subsahariens, dans la plus grande avalanche de clandestins dans l'histoire de l'archipel. Le navire-hôpital espagnol "Esperanza del Mar" a repêché mercredi après-midi à 400 miles au large des Canaries les cadavres de 25 immigrants subsahariens, noyés dans leur tentative de traverser l'Atlantique vers l'archipel.