Des molécules anti-douleurs ne figurent pas sur la liste des médicaments remboursables au titre de l'AMO (Assurance-maladie obligatoire). Une situation qui soulève des craintes notamment chez les malades du cancer. Un accouchement sans douleurs pour l'AMO (Assurance-maladie obligatoire)? Voire. Les remboursements au titre de l'AMO, programmés à partir de ce mercredi 1er mars, excluent des médicaments anti-douleurs. Le paracétamol, l'une des molécules pharmaceutiques les plus consommées par les patients, est absente de la liste des médicaments remboursables. « Soulager les petits bobos n'est pas l'objectif d'un projet national ! Et ce n'est pas un médicament comme Doliprane qui va ruiner les familles. Pour ce projet national, il faut faire des sacrifices!», lance un responsable au sein de l'Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM). Et d'ajouter, « il est vrai qu'il y a des médicaments qui ne figurent pas sur la liste, mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit-là uniquement d'une liste de démarrage qui sera par la suite révisée et complétée ». En fait, ce n'est pas seulement les “petits bobos“ de tous les jours qui ont été exclus de cette liste. La morphine, prescrite pour soulager les douleurs des malades souffrant de cancer, est également concernée. « L'Etat ne veut pas prendre le risque de connaître un déficit financier et de mettre en péril l'ensemble du système, précise Dr Anouar Cherkaoui, président de l'Association marocaine d'information médicale. Il vise à assurer une couverture médicale pour la majorité de la population, mais une couverture uniquement pour les médicaments pas chers », « Il est vrai que les familles peuvent se permettre d'acheter des médicaments pour des traitements banals de près de 20 Dh, indique-t-il, mais ce n'est pas le cas pour les traitements de maladies cardio-vasculaires ou cancéreuses. Quelle est la solution pour un malade qui a besoin d'un traitement de 18.000 Dh ? Qu'allons-nous faire devant un cancéreux qui nécessite un traitement onéreux ? », s‘interroge-t-il. À deux journées seulement de l'entrée en vigueur effective de l'AMO, les responsables veulent rassurer les assurés et leur promettent une révision prochaine de la liste des médicaments remboursables. Une « commission de transparence » au sein de l'ANAM verra le jour pour apporter des modifications à cette liste. La morphine est l'une des molécules qui figure sur la liste d'attente. « Il est inadmissible que des médicaments soient exclus du remboursement. Cette ingérence des gestionnaires de l'AMO dans la décision ou prescription médicale est intolérable », s'insurge Naciri Bennani Mohamed, président du syndicat des médecins du secteur libéral. Avant de prescrire un médicament, faut-il désormais consulter cette liste ? Qu'est-ce qui prévaut dans cette affaire, la santé du malade ou la logique comptable ? Faut-il, au nom de l'équilibre des finances publiques, sacrifier des soins médicaux jugés vitaux ? Ce sont là quelques questions qui taraudent l'esprit de bon nombre de professionnels. « La liste des médicaments admis au remboursement au titre de l'assurance maladie obligatoire publiée par arrêté ministériel, assure Chakib Tazi, le directeur de l'Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM), est une première mouture qui n'est pas définitive. Certes, des médicaments sont pour le moment exclus de la liste. Mais selon l'article 3 de cet arrêté ministériel, des médicaments qui ne figurent pas sur cette liste peuvent être remboursés ». En attendant, un médecin laisse exploser son exaspération. Pour lui, les discours lénifiants ne soulagent pas la douleur des malades.