En qualifiant les Harkis de sous-hommes, Georges Frêche (PS), président de la région Languedoc-Roussillon, provoque une tempête politique. La justice française a été saisie. Georges Frêche (Parti socialiste), président de la région Languedoc-Roussillon, reste fidèle à sa réputation : adulé ou détesté, il ne laisse personne indifférent. Presque la plupart de ses sorties médiatiques ne passent pas inaperçues. Récemment, l'«enfant rebelle» du PS a enclenché une véritable tempête en apostrophant violemment des représentants de la communauté harkie lors d'une cérémonie d'hommage à un porte-parole d'un mouvement pied-noir assassiné en 1993. «Les harkis ont vocation à être cocus jusqu'à la fin des temps (...) Vous n'avez rien du tout, vous êtes des sous-hommes, vous n'avez aucun honneur!», avait-il lancé. Cet incident a provoqué un déluge de protestations. «Il s'agit d'insultes à l'égard de l'ensemble de la communauté harkie, indignes d'un élu de la République», a déclaré le porte-parole de l'UMP, Luc Chatel. «Des propos d'autant plus scandaleux qu'ils ont été cautionnés par un membre éminent du Parti socialiste, en l'occurrence Jack Lang qui était présent à ses côtés». Jack Lang s'est retrouvé pris dans la tourmente lundi. Le député PS du Pas-de-Calais, qui assistait à la cérémonie samedi, a assuré dans «Libération» ne rien avoir entendu. Le premier secrétaire du PS, François Hollande, s'est vu obligé d'intervenir, d'après Bruno Le Roux, le porte-parole du parti. M.Hollande a téléphoné à Georges Frêche pour lui demander de faire toute la lumière sur l'incident. Le président de la région Languedoc-Roussillon a ensuite présenté des excuses et il a reconnu sa maladresse. «J'ai blessé par maladresse. Je vous demande de bien vouloir me pardonner», a-t-il déclaré lors d'un point de presse. Mais le mal était fait. Les déclarations de samedi ont provoqué une tempête politique. Le ministre délégué aux Anciens combattants, Hamlaoui Mekachera, a annoncé avoir saisi le ministère de la Justice. Le ministre a saisi le Garde des Sceaux, «en application des dispositions de l'article 5 de la loi du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés» qui disposent que «sont interdites toute injure ou diffamation commise envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur qualité vraie ou supposée de harki, d'ancien membre des formations supplétives ou assimilées». De son côté, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) a dit étudier les «suites judiciaires appropriées» après la nouvelle sortie de Georges Frêche. Pour le PS, l'incident est clos. «Georges Frêche clôt par ses regrets et ses excuses un incident qui n'aurait jamais dû exister», a déclaré Bruno Le Roux. Mais ce n'est peut-être pas l'avis des Harkis… Georges Frêche, l'enfant rebelle du PS Georges Frêche a souvent été en opposition avec les dirigeants de son parti, le Parti socialiste. Il n'a jamais été ministre car il fut contre les financements du parti par Urba et les liens entre François Mitterrand et René Bousquet. Le différend est en réalité plus ancien puisque dès le congrès d'Épinay en 1971, Mitterrand l'avait catalogué comme traître. De fait, ancien militant maoïste dans les années '70, puis rallié au PS, on pouvait taxer sa démarche d'opportuniste. Dans un livre publié lorsque Mitterrand était encore président, Frêche avait dénoncé vigoureusement ce dernier avec des arguments dont un lecteur averti pouvait aisément constater qu'ils s'appliquaient à l'auteur autant qu'à son sujet. En 2002, il fut l'un des seuls à signaler pendant la campagne électorale présidentielle au candidat Lionel Jospin que son programme n'était pas compréhensible par les électeurs.