Pour la première fois, le mouvement Hamas, vainqueur des élections législatives, a déclaré être prêt à ne mettre fin à la lutte armée contre Israël que si ce dernier se retire de tous les territoires palestiniens occupés. «Si Israël reconnaît nos droits et s'engage à se retirer de tous les territoires occupés, le Hamas et avec lui l'ensemble du peuple palestinien, décideront de mettre un terme à la résistance armée». Ce sont les propos que Khaled Mechaâl, chef du bureau politique du Hamas, annonce pour la première des conditions pour mettre fin à sa lutte armée contre l'Etat hébreu, lors d'une interview au journal russe “Nezavissimaïa Gazeta”, publiée lundi 13 février. Bien que dans des déclarations précédentes, le responsable palestinien ait déjà indiqué qu'il était d'accord pour une «trêve de longue durée» avec Israël si l'Etat hébreu acceptait de revenir aux frontières de 1967 et reconnaissait les droits palestiniens à l'autodétermination, il n'avait pas parlé, comme dans cette interview d'un éventuel arrêt de la lutte armée. Il avait notamment déclaré à la BBC, depuis son exil à Damas, que son mouvement «se dit maintenant que si Israël se retire derrière les frontières de 1967 (date de la guerre de six jours) , il pourrait y avoir la paix et la sécurité dans la région et des accords entre les parties jusqu'à ce que la communauté internationale trouve un moyen de résoudre les problèmes de tous». Khaled Mechaâl s'est toutefois déclaré ne pas être lié par la «feuille de route» puisque, à son avis, personne ne la respecte. «Puisque personne, a-t-il dit au journal russe, ne respecte les dispositions de la "feuille de route", les Palestiniens pensent également qu'il n'est pas opportun d'y adhérer.» La "feuille de route", un plan de règlement international du conflit israélo-palestinien adopté en juin 2003 par le "Quartet" (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU) et qui prévoyait notamment la création par étapes d'un Etat palestinien en 2005 aux côtés d'Israël, n'a toujours pas été appliquée. Par ailleurs, d'après un porte-parole du mouvement, le Hamas aurait déjà choisi l'un de ses représentants pour assumer les fonctions de Premier ministre. «Le Premier ministre sera un dirigeant du Hamas», a déclaré Mouchir al Masri avant d'ajouter que le mouvement avait fait un choix, mais il a refusé de le révéler. Selon plusieurs sources, Ismaïl Haniyeh, qui a été tête de liste aux législatives, était l'un des favoris pour le poste de Premier ministre. Le Hamas devrait entamer la semaine prochaine des négociations sur la formation d'un cabinet. Il espère persuader d'autres factions d'entrer dans un gouvernement d'union nationale. Israël et les Etats-Unis ont exclu de négocier avec le Hamas, qu'ils considèrent comme un mouvement «terroriste». Rappelons que le Hamas s'était rallié à une trêve décrétée en mars dernier. Récemment, le président russe, Vladimir Poutine avait invité le mouvement radical palestinien à Moscou pour rechercher une issue au conflit israélo-palestinien. Cette invitation avait été acceptée avec enthousiasme par le Hamas. Après avoir vivement critiqué l'initiative russe, le Premier ministre israélien par intérim, Ehud Olmert, a décidé de réajuster le tir lors d'une réunion dominicale du gouvernement israélien, tenue dimanche dernier. «Je pense que les Russes ont tort, comme je l'ai déclaré. Mais d'après ce qu'ils nous ont dit ce week-end, ils vont demander au Hamas de reconnaître Israël et de renoncer au terrorisme», a-t-il déclaré.