Selon les estimations d'ONU-Femmes pour le Maroc 44% de Marocaines reconnaissent avoir moins de temps libre pour s'émanciper. Le taux est précisé, mercredi après-midi à Rabat, par la représentante d'ONU-Femmes au Maroc, Leila Rhiwi, lors d'une journée d'étude initiée, par le ministère de la solidarité, de l'insertion sociale et de la famille, pour aborder de «L'économie des soins» ou du «care». Un concept qui consiste à libérer le temps des femmes qui s'occupent de la petite enfance, personnes âgées et d'autres en situation de handicap. De quoi créer toute une niche d'emplois autour d'une nouvelle profession. Un métier de «travailleurs sociaux» En prélude à ce taux et d'autres, la ministre Aawatif Hayar, qui s'exprime en ligne pour engagements sur le même sujet en-dehors de la capitale, explicite : «Nous développons ce concept avec ONU-Femmes pour contribuer à libérer le temps des femmes». La responsable gouvernementale met notamment en avant le grand apport des femmes pour le foyer et les enfants. Des tâches qui «ne leur offrent pas un empowerment (autonomisation) économique». D'où le lancement, par son département, de «la procédure d'adoption des travailleurs sociaux avec une expertise et expérience». «Ce sera une grande avancée», commente-t-elle. Le tout en vertu de la loi 45-18 «en cours d'approbation». L'objectif ultime étant, pour Mme Hayar, qui évoque également la stratégie «Jisr» (Pont) consacrée à 36.000 femmes et qui abonde dans le sens de cet «empowerment» voulu par cette économie des soins, de «libérer le temps des femmes et créer des emplois même pour les jeunes qui pourront travailler en tant que travailleurs sociaux». Du «care» au lieu de s'émanciper Mme Rhiwi, qui s'appuie sur une récente enquête dans la région du Mena (Middle East and North Africa), estime que «ces femmes sont mobilisées pour travailler». Dans ce sens, elle cite des tâches domestiques qui peuvent comprendre le «care». D'après elle, ce travail de soins peut être rémunéré (éducation, soins) ou non. «Il n'existe pas assez de données», poursuit la représentante qui rappelle également le nombre de 8 sur 10 femmes qui restent en dehors du marché du travail selon le HCP. En comparaison au taux de 44% de Marocaines, elle cite les égyptiennes à hauteur de 63%. Pire encore ! A propos du Maroc, elle estime que «les chantiers de protection sociale, entre autres, sont une opportunité pour mener une réflexion». «L'économie des soins n'est pas coûteuse», enchaîne-t-elle à ce propos. Un besoin en qualification De son côté, la cheffe du service Placement international à l'Anapec, Salima Bensalem, révèle le «besoin important en personnel qualifié dans ce domaine du «care» non seulement au niveau national mais aussi international». A son sens, ces métiers se veulent de valoriser les niveaux de salaire. «Cependant, ce secteur reste peu attractif pour les demandeurs d'emplois», note-t-elle en mettant l'accent sur le manque de formations dans ce sens. A son tour, elle révèle une étude de 2019 dont il ressort «6 métiers d'assistance à la personne». «La demande d'assistance aux personnes âgées augmente», fait-elle remarquer. D'ici 2023, les besoins en auxiliaires de vie de la petite enfance s'estiment, d'après cette étude, à 21.600. Quant aux auxiliaires de vie aux ménages, ils se chiffrent à 42.400 dont 3.900 avec des besoins de qualification supérieure. Les auxiliaires de vie aux personnes âgées enregistrent un besoin de 4500. De plus, le besoin en auxiliaires de vie aux personnes en situation de handicap est de 2.600 contre 6.000 chauffeurs et 1.300 cuisiniers. L'intervenante ne manque pas de mettre l'accent sur «l'absence de justificatif de formation». Une économie à rendre «formelle» A son tour, la directrice du bureau de l'Organisation internationale du travail, Rania Bikhazi, met non seulement l'accent sur cette «qualification», mais aussi sur le caractère «formel à donner à cette économie des soins». Par la même l'occasion, elle précise, en citant des données de l'OIT, que celle-ci est «susceptible de créer un grand nombre d'emplois dans les années à venir, soit 300 millions d'emplois». En tout, cette profession est un gisement intéressant pour la création d'emplois. Quant au ministère de tutelle, il se penche sur la formation d'aides sociales d'ici 10 ans. Salutaire.