Un trafiquant de drogue, âgé de 45 ans, a mis le feu dans une cellule de la prison civile de Safi. La Cour l'a condamné à vingt ans de réclusion criminelle. Chambre criminelle près la Cour d'appel de Safi. Noureddine se tient, ce jour de décembre, devant les Magistrats. Ce détenu, qui purge encore une peine d'emprisonnement pour trafic de drogue, est accusé d'un délit gravissime qu'il aurait commis à l'intérieur de la prison. Il est accusé d'avoir mis volontairement le feu dans une cellule à la prison civile de Safi. Une accusation qui lui coûterait, selon les dispositions de l'article 580 du code pénal, la peine de mort. Les larmes aux yeux, les membres de sa famille assistaient à l'audience. L'avocat de la défense leur a expliqué qu'il fera tout son possible pour qu'il soit acquitté. Ou au moins qu'il soit condamné à une légère peine d'emprisonnement. Noureddine risque donc gros. S'il est reconnu coupable, il peut écoper d'une lourde peine. « Non, Monsieur le président, je n'ai jamais mis le feu dans la cellule. », répond ce quadragénaire qui tente de se disculper devant les juges. Il a clamé son innocence partout, devant le parquet général, le juge d'instruction en phase préliminaire et même en phase détaillée. Il leur a expliqué qu'après avoir épluché les légumes, il a allumé le four électrique pour préparer son déjeuner. Il a précisé qu'avant de rejoindre un autre détenu dans une autre cellule, il fut surpris par le feu. Son drap en laine a brûlé. Il était affolé, il ne savait pas quoi faire que de jeter son drap en dehors de la cellule devant les yeux des autres détenus. A-t-il raison ou tort ? Seuls les témoins peuvent infirmer ou confirmer l'accusation. A ce propos, trois témoins, tous des détenus à la prison civile de Safi, ont été convoqués. «C'est lui qui a mis le feu dans la cellule Monsieur le président», a affirmé le premier témoin. Quelle preuve avance-t-il pour corroborer sa thèse ? Celui-ci a précisé se trouver au moment des faits en compagnie d'autres détenus dans la cellule quand ils ont entendu un brouhaha général qui émanait de la cellule mitoyenne. « Je suis sorti pour voir ce qui se passait. J'ai remarqué Noureddine qui tenait dans sa main son drap en laine enflammé. J'ai commencé à crier en sollicitant les compagnons de cellule d'éteindre le feu », a-t-il indiqué. Selon le premier témoin, Noureddine a jeté le drap enflammé dans le passage menat aux autres cellules. Toutefois, ce témoignage ne confirme ni infirme l'accusation puisque le détenu ne l'a vu qu'en train de le jeter dehors de la cellule. Le deuxième témoin a expliqué à la Cour que le mis en cause avait menacé de se suicider si les responsables de la prison refusaient de répondre positivement à sa demande. Le mis en cause, selon ce détenu, voulait rencontrer une commission pour effectuer une inspection à la prison civile de Safi, suite à une grève de la faim observée par quelques prisonniers. Il voulait dénoncer des malversations commises par les fonctionnaires de cet établissement pénitentiaire. Un troisième témoin a confirmé à la Cour les déclarations de celui-ci. À défaut de réponse, ajoute le troisième témoin, il a décidé de protester en mettant le feu. «As-tu demandé de rencontrer la commission d'inspection ?», a demandé le président de la Cour Noureddine. Ce dernier a affirmé que sa demande n'a rien avoir avec le feu. Il a également nié avoir menacé les responsables de la prison de recourir au suicide comme moyen de protestation. La Cour a écouté le réquisitoire du ministère public et la plaidoirie de l'avocat de la défense. Après quoi, elle a reconnu Noureddine coupable et l'a condamné à 20 ans de réclusion criminelle.