Essaouira a accueilli les troisièmes Assises nationales du tourisme les 3 et 4 décembre, sur fond de progression des nuitées à deux chiffres et de ralentissement du rythme des chantiers de la vision 2010. Le ton général était à l'optimisme. «En 2005, les ouvertures de capacité additionnelles, vecteurs de la création d'emplois, se sont ralenties». Le constat, dressé par le ministre du Tourisme, Adil Douiri, lui-même, sera la seule critique formulée en ces troisièmes Assises nationales du tourisme. Tenu à Essaouira, le 3 décembre 2005, l'événement, sponsorisé par Maroc Telecom, Accor Maroc entre autres, a vu de nombreux orateurs défiler. Après les mots de bienvenue des officiels, du wali, du maire, et du conseiller de SM le Roi André Azoulay, c'est au président de la Fédération du tourisme, Jalil Bennabès Taarji, qu'est revenu l'honneur d'ouvrir le débat. Son diagnostic de l'année 2005 est globalement positif. Chose que l'intéressé justifie par l'accroissement substantiel du budget de l'ONMT, la mise en place de l'Observatoire de tourisme, la signature du Plan de développement régional de Fès. «Le tourisme marque des points», conclut-il. Plus tard lors de la conférence de presse organisée dans l'après midi, il sera demandé au président de la FNT pourquoi son discours a-t-il subitement changé en moins de trois mois ? Le même Jalil B. Taarji ainsi que quelques membres du bureau dressaient alors (c'était le 13 septembre 2005 ) un constat alarmiste. «J'assume mes propos, s'écrie le président de la FNT, qui met son revirement sur le compte des changements intervenus en une courte période et sur l'augmentation du budget de l'ONMT ». Bref, le ton était positif. Pas de critiques formulées, mis à part rarement celles du ministre lui-même. Il faut dire que ce dernier a, en préambule de son discours, sacrifié 20 minutes chronos pour saluer «la maturité des opérateurs, bien structurés avec des interlocuteurs représentatifs». Après cette sorte de «précaution oratoire», M. Douiri aborde le vif du sujet, en faisant parler la conjoncture, nettement favorable il est vrai: progression des nuitées de 17%, nette augmentation des prix moyens des nuitées. Et de finir sur un chiffre élogieux : «nous serons à la fin de l'année 2005, pour la première fois, le premier contributeur à notre balance des paiements, avec 40 milliards de dirhams de recettes touristiques, devant les transferts des MRE». Qu'en pense l'Office des Changes, murmure un banquier dont la voix inaudible est vite submergée par les applaudissements qui ont fait trembler les parois de la salle des réunions à la province d'Essaouira. A la suite du ministre, Fouad Chraibi de l'Observatoire du tourisme présentera le bilan entre 2004 et 2005. «Les choses avancent», déclare-t-il d'emblée. Rompu au langage du chiffre, M. Chraibi passe en revue les stations du plan Azur. Les travaux démarreront à Mazagan à la fin du premier semestre 2006, à Lixus en 2007. Quant à Taghazout, le concessionnaire sera connu le 25 janvier. Puis, comme le ministre et comme Taarji, le patron de l'Observatoire se félicite du PDRT de Fès (bouclé le 25 novembre), tout en promettant de voir Casablanca et Agadir suivre avant les Assises internationales prévues entre la fin février ou le début mars à Tanger. Pour sa part, Isabelle Bennani de Dynamic Tours, invitée à intervenir, exposera sur les chantiers du tourisme rural. Le président de l'ONMT s'est engagé d'ici la fin 2005 de recadrer l'ONMT sur son activité de base, de céder le dernier patrimoine restant, à savoir les campings et de ne faire que du marketing. Pour conclure ce ballet, M. Taarji reprendra la parole pour annoncer une possible transformation de la loi cadre 2010 en code du tourisme. Le retard pris par la loi sur le capital risque, les freins de l'aérien notamment sur le volet domestique, l'aménagement des règles de placement des compagnies d'assurances pour accepter l'hôtellerie, «de vrais problèmes», selon les observateurs, ont été passés en filigrane. Passée cette première partie, l'on attendait moins de langue de bois durant les débats. Le wali de Marrakech, Mounir Chraibi, qui dira doctement que Marrakech a plus besoin d'un «plan d'aménagement territorial que d'un PDR». A moins que cela ne soit «pour vous faire plaisir», murmure-t-il. Il est vrai qu'avec 50.000 lits en attente et une capacité fonctionnelle de 35.000, la ville ocre a des problèmes plus urgents que les études. Parmi les autres intervenants, à noter celle, technique de Abdelhanine Benallou, directeur général de l'Office national des aéroports. «Nous avons tenu nos engagements pris à Ouarzazate. Le 8 décembre, nous lancerons l'opération accueil dans les aéroports en partenariat avec l'ONMT, l'aéroport d'Agadir sera le premier aéroport africain à être certifié ISO». Certaines décisions comme les redevances aéroportuaires (supprimées sur le volet domestique), et la prise en compte prochaine dans les taxes d'atterrissage du facteur tonnage (procédé qui favorisera les petites compagnies) ont été particulièrement applaudies. • DNES à Essaouira