Mohamed Ennouhi, secrétaire général du Syndicat des finances (UMT), estime que la décision relative à l'évaluation des compétences des fonctionnaires du ministère des Finances et de la Privatisation est une décision unilatérale visant la réduction de la prime semestrielle. Entretien. ALM : Pourquoi l'Union syndicale des fonctionnaires du ministère des Finances et de la Privatisation, affiliée à l'Union marocaine du travail (UMT), a-t-elle lancé cet appel à la grève qui devra avoir lieu le 8 décembre 2005 ? Mohamed Ennouhi : Nous avons effectivement décidé d'observer une grève générale au sein du ministère des Finances et de Privatisation et ce en guise de protestation contre une décision du ministre des Finances. Cette décision est relative à l'évaluation des compétences des fonctionnaires pour l'obtention de la prime semestrielle. Il s'agit d'un système de notation basé sur deux volets. Le premier concerne le rendement individuel du fonctionnaire. Et le deuxième volet concerne le rendement collectif en rapport avec la division ou le service dont fait partie l'intéressé. La note sera sous forme de pourcentage : 80 % pour le volet individuel et le reste, en l'occurrence 20 %, sera consacré au rendement collectif. Ce nouveau système repose sur plusieurs critères. Je peux vous en citer quelque-uns. Il sera question, par exemple, des connaissances professionnelles des fonctionnaires, la discipline, le respect des horaires, l'assiduité, etc. Que reprochez-vous à cette décision ? Nous sommes pour toutes les initiatives visant à moderniser le système d'évaluation des compétences des fonctionnaires. D'ailleurs, nous saluons toutes les initiatives allant dans ce sens. Ce que nous rejetons, toutefois, c'est que de telles mesures soient prises de façon unilatérale. Et c'est le cas. Lorsque le ministre des Finances et de Privatisation a pris cette initiative, tout le monde a été surpris. Personne n'a été consulté, ni les syndicats, ni les administrations. En plus, ce projet risque de créer un conflit juridique entre les différents textes dans la mesure où il n'a pas pris en considération le décret en vigueur qui gère le système de notation annuelle. Avant d'établir ce nouveau système de notation, il fallait au préalable annuler celui de la notation annuelle. Étant donné que la note annuelle va de un jusqu'à trois points, celle de la prime, elle, est sous forme de pourcentage. Ce qui va certainement créer une certaine divergence entre la note annuelle et celle de la prime. C'est ce qui nous pousse à dire que cette décision vise uniquement à réduire le montant de ces primes et non pas à mettre en place un nouveau système d'évaluation objectif. Qui sera le plus touché par l'application de cette nouvelle décision ? L'impact d'une telle décision sera général. Personne ne sera épargné. Ni le petit fonctionnaire, ni les grands cadres de l'Administration. Mais les gens qui seront les plus touchés sont, bien entendu, les petits fonctionnaires. Ceux qui sont entre l'échelle un et l'échelle onze. Ils seront les plus pénalisés. Sans oublier quelques responsables de l'Administration. Mais ce qui est grave, c'est que cette décision contient certaines mesures assez aberrantes. Il s'agit notamment des absences justifiées. En effet, d'après ce nouveau décret, une absence de plus de trois jours pèse sur la note de prime même si l'intéressé délivre un justificatif. Les fonctionnaires n'ont donc pas le droit d'être malades s'ils tiennent à leurs primes semestrielles. Quels reproches faites-vous aux méthodes d'évaluation contenues dans ladite décision ? Nous avons effectivement certains reproches envers les méthodes d'évaluation telles que contenues dans cette décision. En effet, elles ne prennent pas en compte les réalités de l'Administration. Il est clair qu'actuellement, on peut définir avec précision les tâches du fonctionnaire dans la mesure où il n'y a pas de missions spécifiquement identifiées. Un autre problème qui se pose est celui des objectifs. Au sein de l'Administration, il n'y a pas d'objectifs prédéfinis. Ce qui rend normalement de plus en plus difficile toute évaluation de compétences des fonctionnaires. Aujourd'hui, quelles sont vos revendications par rapport à cette décision ? Nos revendications sont claires. Nous voulons que tous les acteurs concernés puissent se retrouver sur une même table et qu'on traite ensemble du sujet. Et là encore, je le redis, nous sommes pour toutes les initiatives visant à moderniser les méthodes d'évaluation des compétences au sein de la fonction publique.