Deux marins pécheurs marocains meurent de paludisme contracté en Guinée équatoriale. L'employeur, la Société de pêche hauturière et de valorisation des produits de la mer, PEVAP, est montré du doigt. Branle bas de combat au port d'Agadir ! Des cas de paludisme enregistrés chez des marins défrayent la chronique et créent un malaise au sein de cette catégorie de travailleurs en haute mer. Partis pêcher en Guinée équatoriale, ces marins ne sont pas rentrés chez eux sains et saufs. De sources médicales à Agadir, 11 marins ont suivi un traitement médical contre cette maladie tandis qu'un autre est décédé au cours de la semaine dernière. «Parmi les 11 marins traités, un seul se trouvait dans un état critique. Mais, il a pu rentrer chez lui, en début de cette semaine», nous a affirmé cette source. Ces marins travaillaient pour le compte de la Société de pêche hauturière et de valorisation des produits de la mer, PEVAP, dirigée par Khadija Doukkali. «En rentrant au port d'Agadir, ces pêcheurs atteints par le paludisme ont été abandonnés par PEVAP. Ils ont vite pris la direction de l'hôpital Hassan II pour suivre un traitement médical de près 1400 Dh chacun. Là aussi, PEVAP ne voulais pas rembourser à ses employés pourtant victimes d'un grave accident de travail», affirme Abderrahmane El-Yazidi, secrétaire général du Syndicat national des officiers et marins de la pêche hauturière. Et d'ajouter: «Durant toute la période de navigation pour le retour, qui a duré près de vingt jours, PEVAP a refusé de faire des escales dans différents ports pour apporter les soins nécessaires aux pêcheurs malades. En plus du pêcheur qui a perdu la vie à Agadir, il y a un autre qui est décédé de cette même maladie en Guinée équatoriale». Pour sa part, Khadija Doukkali livre une autre version des faits. «Au port de la Guinée-Équatoriale, le marin est décédé suite à un terrible accident et non pas à une maladie. Nous avons entrepris les démarches nécessaires pour le rapatrier. Pour ces cas de paludisme, je ne suis pas au courant!», tranche-t-elle. La présidente de la Fédération des industries de la mer (FIM) qualifie de scandaleux le fait que certains marins aient quitté leurs bateaux sans l'autorisation du capitaine. Chose que Abderrahmane El-Yazidi rejette en bloc. «Je possède des rapports qui prouvent que certains pêcheurs nous ont créé de sérieux problèmes. En raison du repos biologique, nous sommes partis pêcher en Afrique, mais nous sommes déçus du comportement de certains marins pêcheurs qui nous ont causé d'énormes ennuis. Ils quittaient le bateau contrairement aux ordres du capitaine et se soûlaient même durant le Ramadan!», accuse Khadija Doukkali, visiblement en colère. À Agadir, les familles des victimes n'arrivent toujours pas à faire le deuil des leurs. «Le corps du défunt a été rapatrié le 25 octobre dernier. Nous regrettons aujourd'hui le fait de ne pas avoir demandé une autopsie pour connaître les circonstances de sa mort», raconte le frère du pêcheur dont la dépouille a été rapatrié de la Guinée équatoriale. Même consternation chez l'épouse du marin décédé à l'hôpital Hassan II. «Le père de mes trois enfants a perdu la vie, trois jours après son retour. Il était vraiment malade et pouvait à peine marcher», lâche-t-elle, la voix nouée par l'émotion. Les autorités sanitaires d'Agadir affirment que «le risque de contamination est presque inexistant puisqu'il s'agit d'un paludisme en provenance d'un pays africain». Dans le même sens, un spécialiste de cette maladie, connue également sous le nom de malaria, précise que «la contamination ne peut avoir lieu que lorsque le malade effectue un don de sang. Et même dans ce cas, les centres de transfusion sanguine procèdent à des analyses strictes. C'est pour cette raison qu'il n'y a aucun risque!». «Le paludisme est une maladie infectieuse et endémique due à un parasite. Elle se transmet par la piqûre de la femelle d'un moustique qui n'existe pas chez nous au Maroc», rassure ce spécialiste. Mais au-delà de l'aspect épidémiologique, cet incident remet au-devant de la scène le problème des marins et les conditions de leur travail. Le syndicat des pêcheurs ne compte pas baisser les bras et compte porter cette affaire devant la justice.