De nouveaux développements dans l'affaire des deux marins morts en Guinée équatoriale . La société PEVAP a récemment licencié plus de 120 marins. Le Syndicat national des officiers et marins de la pêche hauturière crie au scandale. L'affaire des marins-pêcheurs marocains qui ont contracté la malaria en Guinée équatoriale connaît de nouveaux rebondissements. La société de pêche hauturière et de valorisation des produits de la mer, PEVAP, dirigée par Khadija Doukkali a récemment licencié la majorité des marins qui ont été en mission dans ce pays africain. "Plus de 120 marins ont perdu leur travail. La société PEVAP les a renvoyés après leur retour à Agadir. «Ils étaient environ 140 personnes à bord de ses bateaux, partis pêcher en Guinée équatoriale», déclare Abderahman Yazidi, secrétaire général du Syndicat national des officiers et marins de la pêche hauturière. Mehdi Naoum, l'un des marins, a affirmé en outre qu'il n'a pas reçu la totalité de son salaire. "J'étais payé uniquement pour 70 jours de travail, soit à peu près deux mois, au lieu de six mois, durée de notre contrat de travail", confie-t-il. Par ailleurs, les proches des deux marins-pêcheurs, décédés du paludisme, maladie qu'ils ont contractée lors de leur séjour dans ce pays du continent noir, ont l'intention de saisir la justice. Soutenues par le Syndicat des officiers, les familles des victimes ont effectivement entrepris les démarches nécessaires pour déposer dans les jours à venir une plainte contre la PEVAP. "A cause de l'insouciance et l'irresponsabilité de la société, nous avons perdu nos proches. Nous ne pouvons pas rester insensibles face à cet accident dramatique. Nous sommes déterminés à poursuivre les responsables en justice. Nous demandons une autopsie pour déterminer les circonstances du décès et les responsabilités dans cette tragédie", affirme Douliazane Dab, frère du défunt Fouad Dab, dont la dépouille aurait été rapatriée de la Guinée équatoriale par des Marocains appartenant à la sécurité du chef de l'Etat Obiang Nguema. Pour la patronne de PEVAP et présidente de la Fédération des industries de la mer (FIM), la mort de ce marin-pêcheur est due à un traumatisme crânien et non à l'infection par la malaria. «Au port de la Guinée équatoriale, le marin est décédé suite à un terrible accident et non pas à une maladie", martèle à qui veut l'entendre Khadija Doukkali. Les propos des marins, qui étaient à bord du bateau Oufouk, appartenant à la société PEVAP, contredisent nettement ceux de la patronne de l'entreprise de pêche. "Fouad n'est pas tombé sur sa tête lors du travail. Il a contracté la maladie du paludisme en Guinée équatoriale et est resté sans soins médicaux pendant plusieurs jours à bord du bateau. Il avait de la fièvre, son état de santé se dégradait de jour en jour. La veille de sa mort, nous l'avons transporté dans une barque jusqu'au port. Un responsable de la société l'a transporté ensuite à l'hôpital de la ville du pays. Le lendemain, on nous a annoncé la mort de notre ami", confie Mohammed Gari, marin-pêcheur travaillant à bord du bateau Oufouk. Brahim Doukkali, un autre marin du même navire, confirme ces déclarations. Autre témoignage. "Nous avons pris le large le 7 septembre dernier. Nous étions en bonne santé. Nous avons contracté la maladie dans ce pays. A bord du bateau, on nous donnait un médicament contre la fièvre ", ajoute Mehdi Naoum, qui travaillait à bord du bateau Khadija 1, appartenant à la même société de pêche. Pour le Syndicat national des officiers et marins de la pêche hauturière, ce drame aurait pu être évité si la société avait pris toutes ses précautions et les mesures obligatoires afin de préserver la vie de ses employés. La société a, estime-t-il, omis de faire vacciner ses marins contre le paludisme. Selon un spécialiste de l'Institut Pasteur, il existe une liste de vaccins à effectuer et des médicaments à prendre obligatoirement avant de se rendre en Afrique en général. "Les personnes voulant se rendre en Guinée équatoriale doivent absolument se faire vacciner avant le départ. Le climat y est tropical. Les vaccins contre la fièvre jaune et la méningite virale sont obligatoires. Il est également recommandé de faire des rappels de vaccins contre le tétanos. Actuellement, il n'existe pas de vaccin contre le paludisme. Cependant, il y a des médicaments anti-parasitaires utilisés contre cette maladie. Il faut suivre un traitement avant le départ, au cours du séjour dans ce pays et même quatre semaines après le retour", explique Fatima Boukdir, médecin responsable du service de vaccination à l'Institut Pasteur. D'après des sources proches des familles des victimes, la société PEVAP aurait dépêché une infirmière au siège de la société à Agadir pour effectuer les vaccins contre la fièvre jaune et la méningite à certains marins seulement. Les absents auraient reçu leurs injections quelques jours après. "C'est le chef d'armement de la société qui nous a fait des injections. De plus, on ne nous a pas donné de médicaments contre le paludisme.", indique Amine Belgaïd, l'un des marins infectés par la maladie. "Ce chef d'armement n'a pas les qualités requises pour faire des vaccins. De plus, ces produits médicaux nécessitent certaines conditions de conservation pour qu'ils soient efficaces. Je doute fort que ces conditions ont été respectées", s'indigne Abderahman Yazidi, secrétaire général du Syndicat national des officiers et marins de la pêche hauturière, qui réaffirme avec force son engagement à poursuivre la lutte pour que la vérité soit faite sur cette affaire scandaleuse à ses yeux.