Avec «El festival de escenas», prévu du 5 au 12 décembre 2005 à Rabat, le «Temps de l'Espagne au Maroc» serait arrivé à sa fin. Cet événement a-t-il atteint ses objectifs ? Les avis sont partagés. Pour clôturer en apothéose «le Temps de l'Espagne au Maroc», nos voisins du Nord, avec la collaboration du ministère de la Culture marocain, n'ont pas lésiné sur les moyens. Initié par la Fondation de l'Institut international du théâtre méditerranéen (IITM), «El Festival de escenas» prévu dans quelques jours au Théâtre national MohammedV a bénéficié d'un appui considérable. Les autorités des deux pays ont mis le paquet pour assurer à «L'Année de l'Espagne au Maroc» une sortie honorable : côté espagnol, il faut souligner la contribution des ministères de la Culture, des Affaires étrangères, de l'Education, sans oublier le soutien des «Juntas» de l'Andalousie, de Castillo de la Mancha, d'Estremadura, l'Institut Cervantès de Rabat… Côté marocain, il faut retenir l'appui du ministère de la Culture, du Théâtre national MohammedV, l'Isadac, l'Union des écrivains du Maroc… En bref, plusieurs efforts, de la rive nord ou sud du bassin méditerranéen, ont été conjugués pour fêter la fin du «Temps de l'Espagne au Maroc». La semaine, que durera le festival précité, sera ponctuée de spectacles-phares comme celui du Ballet national d'Espagne (les 11 et 12 décembre), «Plainte pour la mort» du Centre andalou de théâtre (9 décembre), «Tanger» (intitulé d'un concert de musique de Luis Delgado, en compagnie, métissage oblige, de plusieurs musiciens marocains)… Maintenant, au-delà de la clôture, que peut-on vraiment retenir du «Temps de l'Espagne au Maroc»? Contacté par «ALM», M. Xavier Marcileji, directeur de l'Institut Cervantès de Rabat, a réagi «positivement». «Le Temps de l'Espagne au Maroc nous a donné l'opportunité de faire des choses ensemble. Je pense que si on fait des choses ensemble, nous serons dans le bon chemin pour bâtir un futur ensemble», plaide-t-il. Or, justement, si on excepte la coopération entre l'Orchestre symphonique de Bilbao et l'Orchestre philharmonique du Maroc (OPM), couronnée par une mémorable tournée commune à Casablanca, Rabat et Marrakech, que peut-on garder du «Temps de l'Espagne au Maroc» ? La session 2005 du programme «Al Moatamid Ibn Abbad», élaboré par José Monleon (président de l'IITM), s'est réduite à une simple «session de rattrapage», sachant bien que, mis à part des ateliers de formation pédagogique animés sous le thème «l'Arrivée de l'Autre» dans différents collèges de Kénitra, Rabat et plus tard à Tanger, excepté également le Festival annoncé susmentionné, ce programme est resté un simple «effet d'annonce». Pour le reste, des manifestations organisées régulièrement par les Instituts Cervantès peuvent-elles être inscrites comme faisant partie de l'Année de l'Espagne au Maroc ? On pense particulièrement à la prestation de la danseuse Yerbabuena au Théâtre-Cinéma «Rialto» (Casablanca) et au Festival de Volubilis. Côté édition et livre, le mot «coopération» n'a pas pris son véritable sens. Invitée d'honneur du Salon international de l'édition et du livre, l'Espagne, par la voix de son ministre de la Culture, Carmen Calvo, a annoncé plusieurs projets de co-édition, de traduction, etc. Mais cela, paraît-il, est resté « lettre morte». Bien sûr, l'initiative du «Temps de l'Espagne au Maroc» et du «Temps du Maroc en Espagne» (2006) est d'une importance capitale pour les deux pays. Le développement des relations entre le Maroc et l'Espagne ne peut se faire sans le développement de leur coopération culturelle; la culture est le principal vecteur du rapprochement entre les peuples. Mais ce qui reste regrettable, c'est que cette coopération ne s'est pas traduite par des actes à la hauteur de l'histoire commune des deux pays voisins et de l'aspiration de leurs deux peuples à un avenir prospère.